A quelles conditions aimerez-vous Megalopolis ?
Si vous aimez les films dont rien de dépasse, cohérent de bout en bout, maîtrisé et de bon goût, alors n'allez pas voir le dernier Coppola.
Si au contraire vous aimez être surpris à chaque plan par mille trouvailles visuelles, que vous ne rechignez pas à faire un effort dans les quinze premières minutes du film pour identifier les personnages et les liens qui unissent, et que vous supportez une certaine dose de kitsch romano-futuriste, alors le film est pour vous.
Megalopolis réussit un exploit inhabituel : allier une recherche esthétique de tous les instants (une mise en scène flamboyante, une direction artistique invraisemblable) à des thématiques qui obligent le spectateur à activer ses méninges. On aura en effet rarement brassé autant de thématiques ambitieuses dans un seul film : le sens de la vie, la lutte pour le pouvoir, la frontière entre le bien et le mal, l'épiphanie de la naissance, la nature du temps, la substance de l'amour, l'art du spectacle et du cinéma.
Le film regorge de scènes d'anthologie et de visions qui sidèrent, souvent à la fois vulgaires et poétiques. On pense à Méliès, bien sûr, et d'une certaine façon, c'est toute l'histoire du cinéma qui défile sous nos yeux.
Tout cela n'a aucun sens, ou plutôt à tellement de sens possibles qu'on ne sait plus où donner de la tête, et du regard. Il y a toujours un détail à l'écran qui devient instantanément magique : une mimique d'Adam Driver, le jeu exceptionnel d'un figurant, un gadget futuriste et inutile dans un coin du cadre, une inscription amusante, un effet inattendu, un son étrange.
On le dit de beaucoup de films, mais je pense qu'ici cela se justifie pleinement : vous adorerez ou vous détesterez ce film, le moyen terme ne semble pas envisageable. J'ai adoré.