Avec Megalopolis, Francis Ford Coppola semblait vouloir marquer un retour magistral au cinéma d’auteur, mais le résultat est une déception monumentale. Ce qui s’annonçait comme une fresque ambitieuse s’avère être un projet bancal, déconnecté des attentes contemporaines et des réalités humaines qui façonnent notre époque.
Le film souffre d’un rythme languissant. Chaque scène semble s’étirer au-delà du nécessaire, sans progression dramatique ni moments de tension palpable. L’absence de crescendo narratif fait que l’on sombre dans l’ennui plutôt que dans l’immersion. Coppola, ici, semble avoir perdu de vue la notion même de rythme.
L’intrigue de Megalopolis n’offre aucun souffle de nouveauté. Les thèmes, pourtant prometteurs, sont traités de façon si distante et désincarnée qu’ils échouent à s’ancrer dans les préoccupations sociétales de 2024. Le film semble s’égarer dans une abstraction stérile, incapable de résonner avec un public en quête d’histoires qui reflètent les défis modernes.
Visuellement, Megalopolis est un festin pour les yeux, mais cet excès d’esthétisme se transforme en fioritures superficielles qui ne servent qu’à masquer les lacunes du récit. Les décors somptueux et les effets spéciaux impressionnants ne suffisent pas à compenser la vacuité de l’intrigue, donnant l’impression d’un exercice de style dénué de sens.
Les personnages, loin d’être attachants, s’enfoncent dans des stéréotypes usés. Adam Driver, pourtant brillant, est entravé par un rôle trop convenu, sans relief. Les autres membres de la distribution, aussi talentueux soient-ils, sont enfermés dans des archétypes dépassés, manquant cruellement de la complexité humaine qui aurait pu les rendre mémorables.
Le film adopte un manichéisme d’une simplicité désarmante, opposant le bien et le mal de façon trop prévisible. Ce manque de nuance, loin de servir l’intrigue, la rend insipide et peu crédible. Les conflits moraux, pourtant essentiels pour engager le spectateur, sont ici réduits à des dichotomies enfantines qui peinent à susciter une réflexion profonde.
En fin de compte, Megalopolis aurait pu être une œuvre audacieuse et visionnaire, mais il échoue à capturer l’essence du cinéma contemporain. Ce qu’il manque, c’est une connexion plus authentique avec les émotions humaines, une intrigue qui respire avec son temps, et des personnages que l’on pourrait réellement croire et ressentir. Pour le spectateur à la recherche d’une œuvre significative et stimulante, cette expérience risque de n’être qu’une parenthèse amère.
Et pourtant, il y a un accomplissement que l’on peut attribuer à Coppola : celui d’avoir peut-être signé l’un des plus gros navets de tous les temps. Une véritable masterclass de tout ce qu’il ne faut pas faire, un film qui, par son ambition mal dirigée, échoue à tous les niveaux. C’est presque un exploit en soi.