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    Leur morale... et la nôtre
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Leur morale... et la nôtre" et de son tournage !

    Genèse du projet

    Florence Quentin a eu l'idée de ce film en lisant avec son fils Alexis un article sur des gens qui vont dans les supermarchés pour profiter de toutes les ristournes sur les produits et des formules "satisfaits ou remboursés". "Des consommateurs le pratiquent par réel besoin de se nourrir, pour améliorer leur quotidien et il y a ceux qui n'en ont nul besoin et font leur beurre et l'argent du beurre en revendant ensuite les produits sous le manteau, explique la réalisatrice. Ce sont ceux-là qui nous intéressaient, les tricheurs, les radins, les systèmes D dans l'âme. Ensuite on a commencé à farfouiller dans la presse et sur le Net où l'on gagne le plus souvent des choses dérisoires."

    Florence Quentin avait également en tête de parler de "cette espèce de racisme latent qui se répand et qui s'infiltre partout dans la société actuelle". "Tout le monde a côtoyé même parmi ses proches, quelqu'un au premier abord sympathique qui vous lâche en tout innocence un commentaire xénophobe affolant, confie la cinéaste. Parler de cette peur, la peur de l'autre, la méfiance envers l'étranger, la couleur d'une peau différente. Toute cette peur véhiculée par la télé ou une certaine presse. Tout ce qui fait que l'on vit avec des chiens de garde, sous la surveillance de caméras et de système d'alarme. Traiter de tout cela avec dérision, choisir le parti d'en rire pour désamorcer cette bêtise !"

    Enfin, elle souhaitait planter le décor du film dans une région plutôt privilégiée par le climat, la lumière, la végétation du midi, "pas celui de la Côte d'Azur, l'autre, plus tranquille, plus à l'écart, pour prouver que même le plus bucolique des décors n'influe pas bénéfiquement sur un état d'esprit étriqué !"

    La France des Gustin

    A travers ce film, Florence Quentin a également souhaité dénoncer une certaine France profonde, proche de ses antihéros. "Les Gustin ne sont malheureusement pas loin de la réalité, je pense même qu'ils sont quelquefois en dessous de la réalité. Je sais que la formule "tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil" rassure la France profonde, mais ce n'est pas vrai ! Les "moches" ça pullule ! Ce n'est pas une question d'âge, de milieu social, de régions de France ou de Navarre, c'est partout pareil, c'est une mentalité, un esprit frileux. On se retrouve avec une société qui se barricade dans une logique consumériste qui se méfie des autres, de ce qui est différent. Dans un petit village d'Auvergne, un touriste noir se promenait dans la rue principale, le standard de la gendarmerie a croulé sous les appels téléphoniques pour le signaler. Voilà pourquoi on demande les papiers aux gens aux peaux foncées plutôt qu'aux blonds aux yeux clairs. Il faut dénoncer ce festival d'idées reçues, ignobles et bornées."

    Le choix des comédiens

    Dès le départ, Florence Quentin avait envie d'écrire le personnage de Gustin pour André Dussollier. "J'en ai parlé dès le début du projet à mon producteur, Jean-Louis Livi, qui a tout de suite été enthousiaste, se souvient-elle. J'avais vu André dans un téléfilm avec Line Renaud, il était antipathique à souhait et je trouvais que peu de gens l'avaient employé dans ce genre de personnage. On s'est mis à écrire avec Alexis mais sans en parler à André, c'est moins stressant ! On a eu un réel plaisir à inventer ce personnage, il faut le dire, souvent abominable : transformer l'acteur le plus mesuré, le plus charmant, le plus "négligé chic" du cinéma français, en "vieux con raciste et haineux" était jubilatoire."

    "Ensuite, il fallait marier André Gustin, poursuit la réalisatrice. Avec Alexis, nous n'avions qu'une obsession : ne pas tomber dans un couple "Thénardier". Les Gustin pour nous étaient un couple physiquement agréable mais moche à l'intérieur. André, c'est un beau mec dans la vie. Il lui fallait une jolie femme ! Très vite, Victoria Abril s'est imposée, pour son talent incontestable de comédienne et cette façon d'être aussi crédible en mère, en amoureuse ou en épouse soumise, qui malgré tout a quelquefois des soubresauts d'humanité. Dès la première rencontre, j'ai été sûre d'avoir trouvé Muriel, volubile, violente, agressive, injuste et tout à coup fragile et émouvante."

    Une équipe technique fidèle

    Pour Leur morale... et la nôtre, Florence Quentin est restée fidèle à l'équipe technique qui l'a accompagnée sur ses précédents films. "Je travaille avec des techniciens très à l'écoute de cela, que ce soit Katia Wyszkop pour le décor ou Jackie Budin pour les costumes, on est sur la même longueur d'onde, on regarde, on n'arrête pas de regarder, comment ça se passe dans la vraie vie, confie-t-elle. Tous les détails nous intéressent, les Gustin, c'est du vécu ! Un an après la fin du film, Katia continue à m'envoyer des photos de salle de bains qui auraient été formidables pour les Gustin ! Pour les repérages, je travaille avec mon complice depuis mon premier film, mon chef opérateur Pascal Gennesseaux, là non plus, on ne lâche jamais."

    Florence Quentin reprend confiance en elle

    Du propre aveu de Florence Quentin, Leur morale... et la nôtre est sans doute le film qui lui a apporté le plus de plaisir dans ses rapports avec les acteurs. "J'étais complètement en phase avec eux, confie-t-elle. Avant, j'étais plus dans la réserve. Moins sûre de moi peut-être. Incroyablement, c'est Gérard Depardieu qui m'a donnée cette liberté depuis Olé !, mon dernier film, il a fait disparaître ma peur, à sa façon, il était très protecteur... A son contact, j'ai pris confiance en moi. Je vais où je veux aller ! Et puis c'est aussi un retour à un univers qui m'est plus familier, l'ironie. Comme dans La Vie est un long fleuve tranquille ou Tatie Danielle. Montrer les travers de mes contemporains, nos travers à tous et essayer de désamorcer des sujets graves par le rire même s'il fait grincer les dents."

    Tournage estival à Perpignan, Nice et Paris

    Leur morale... et la nôtre s'est tourné durant sept semaines à partir du 6 août 2007 à Perpignan, puis Nice et Paris.

    L'approche du personnage par André Dussollier

    André Dussollier explique comment il a approché son personnage d'André Gustin : "J'ai dû me l'approprier pour qu'on me croie capable d'être ce qu'il est. Quand on commence le métier d'acteur, on le fait comme si le personnage était vous-même. Puis, au fur et à mesure de l'expérience et des années qui passent, on met bien sûr une part de soi dans la création du personnage, mais on part aussi de l'observation des autres. Le personnage créé est une entité qui résulte à la fois de nos sensations, de notre imagination et de nos observations. Par exemple, à partir du scénario, j'aime bien avoir cette période avec moi-même où je travaille, où j'imagine des choses et là, certaines choses sont venues par elles-mêmes. Ainsi, de temps en temps, Gustin reniflait. Cela peut passer pour un détail insignifiant mais pourtant, dans certaines répliques ou certaines situations, cela ajoute encore à sa définition, à sa cohérence. C'est quelque chose qui surgit de la création, de la partie de soi inspirée par ce qu'on lit, par ce qu'on ressent, par tout ce que l'on a observé et qui se matérialise soudain par un comportement tout à fait inattendu. J'aime être surpris par un comportement que je n'aurais pas dans la vie. Peut-être est-ce un peu pour cela que je fais ce métier, pour ressentir, dire des choses que l'on n'ose pas dire et avoir des comportements qu'on n'ose pas avoir dans la réalité. Avec Gustin, je suis servi !"

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