Même si je déteste le duo Éric et Ramzy qui me semble aussi balourd que Jamel Debbouze, je trouve que l'idée de départ était intéressante : un flic maladroit qui veut coûte que coûte arrêter un voleur rusé, mais ce dernier réussit toujours à lui échapper, et du coup, le flic est la risée du commissariat où il bosse. Mais voilà qu'un matin, il course le voleur, et lorsqu'il déboule sur les Champs-Élysées, devant l'Arc de Triomphe, il a la surprise de constater que les Champs-Élysées sont complètement désertés, ce qui l'étonne plus que tout, car normalement, il y a toujours plein de monde et plein de voitures. Et pendant une semaine, notre cher flic, incarné par Éric, arpente toute la ville de Paris à la recherche des gens dont il ne trouve absolument aucune trace. Il croit que les gens lui ont fait une blague en se cachant quelque part, et voilà que tout d'un coup, Éric entend un bruit de moteur et aperçoit alors une voiture de Formule 1 qui circule dans les rues désertes de la capitale. Très vite, Éric se rend compte que cette autre personne n'est rien d'autre que son pire ennemi, à savoir le voleur incarné par Ramzy. Et voilà que pour Éric, c'est l'occasion inespérée d'arrêter enfin Ramzy qui arrivait avant à se mêler à la foule, et maintenant, il n'a nulle part où se cacher, à part dans les immeubles, et comme c'est le seul être vivant dans cette ville, Éric arrive enfin à le capturer, mais il doit se rendre à l'évidence que ça ne sert à rien de le mettre en prison, car il n'y a plus personne, et un procès se fait avec des juges et des avocats, donc avec une vingtaine de personnes, mais aussi avec les témoins et le public assis dans les gradins. Donc finalement, les pires ennemis deviennent les meilleurs amis, juste parce qu'ils sont seuls et que désormais, ils n'ont plus personne d'autre à qui adresser la parole. Moi, si j'étais seul et que soudain, je tomberais face à mon pire ennemi ou même à une personne que je ne connais pas, mais qui ne me convient pas, j'apprendrais finalement à la connaître et je ne serais plus dégoûté de l'approcher, car quand on a le choix entre des milliers d'humains, on peut éviter de parler à certaines personnes, mais quand on a un seul humain à qui parler, on sombre dans la folie, et on ne peut plus s'empêcher de lui parler, car on en vient à oublier ce qu'il a fait dans le passé. C'était dans un autre contexte, quand il y avait les gens, quand il y avait l'embarras du choix, mais là, c'est vraiment le seul moyen de communiquer. On oublie le passé et on se penche vers le présent et l'avenir. Finalement, les deux ennemis deviennent amis, et c'est là que les gens réapparaissent. C'est comme si Dieu avait décidé de punir ces deux êtres qui se détestaient en les isolant du reste du monde, car en fait, qu'est-ce qui s'est passé ? Les deux personnages ont été téléportés dans un monde parallèle, un monde déserté, mais dans le monde réel, les gens continuent à vivre comme si de rien n'était, mais ils peuvent être surpris de l'éventuelle disparition des deux personnages, car le continuum espace - temps fonctionne comme si de rien n'était. Aucun décalage horaire, mais juste une téléportation dans un monde parallèle. Pendant que nos deux compères se la coulent douce, les autres gens vivent ensemble dans le monde original. Si j'étais seul sur Terre, je pense que je finirais par craquer, car même s'il m'arrive parfois d'avoir envie d'être seul, car j'en ai marre parfois des embouteillages, de la foule des transports ou dans certains lieux publics, et le monde me paraîtrait beaucoup plus ennuyeux, car il faut de tout pour faire un monde. On peut s'isoler pendant quelques heures, fuir la ville en allant à la campagne, par exemple, où les gens se font rares, aussi bien que les automobiles si ce n'est pas une route départementale ou nationale, voire une autoroute. Mais rester tout seul sur Terre, c'est être livré à soi-même, et on se dit que cette ville ou cette planète est beaucoup trop petite pour moi tout seul. Éric se sent tout petit au pied de l'Arc de Triomphe, c'est très bien montré, je trouve. Quand on est tout seul, cela peut aussi faire peur, car dans un monde peuplé, on craint d'être facilement repéré par un délinquant, par exemple, alors que dans la foule, on ne risque rien, à part se faire voler son sac ou son portefeuille par un pickpocket, donc comme quoi, en foule ou en solitaire, je dis qu'on est jamais à l'abri des voleurs. Ce film aurait peut-être eu plus de succès si l'on n'y avait pas mis dedans Éric et Ramzy, mais je sais qu'ils l'ont réalisé eux-mêmes, et pour un scénario comme ça, je peux oublier leur nature d'humoristes lourds, mais je dis que le film est intéressant lorsqu'Éric est tout seul, car sa réaction est tout à fait naturelle : il est surpris et croit que les gens se cachent. Il paye en caisse, alors qu'il n'y a plus personne, car il veut être honnête. Quant à Ramzy, il profite du fait que la ville est vide pour se faire du sprint en bolide de Formule 1. Du coup, il prend cet imprévu pour une occasion inespérée, une occasion unique qui ne se reproduira peut-être pas. Je suis sûr qu'il a été surpris au début, car c'est vrai que lorsqu'on est habitué à voir des gens au quotidien, on peut être surpris de se réveiller un matin et de constater qu'il n'y a plus personne dehors. Si ça devait arriver pour de vrai, le monde ne fonctionnerait pas comme avant, car il faut plein de gens pour faire fonctionner les transports et la production de nourriture. On peut alors prendre de la bouffe au supermarché, et gratis, mais si on a tout bouffé, que faire ? S'amuser à tuer le bétail, à devenir chasseur d'animaux ? Oui, c'est peut-être à ça que le solitaire sera soumis tôt ou tard, mais il pourrait aussi se suicider entretemps à cause de sa folie d'être seul. Finalement, le solitaire voudra bien revoir des gens, revoir le monde comme il était avant, même s'il ne le souhaitait pas quand tout allait normalement. Mais voilà : on dit des choses, et après, on change d'avis, c'est comme ça. L'Homme est une créature qui a besoin de vivre en groupe, d'avoir des contacts avec des semblables, et quand il est tout seul, il peut devenir aussi sauvage qu'un animal. Dans le film "La Plage" avec Leonardo Di Caprio, ce dernier se retrouve à un moment tout seul sur l'île paradisiaque où il a débarqué avec des amis. Il doit surveiller des touristes à distance qui vont peut-être tôt ou tard débarquer sur l'île, alors qu'ils n'étaient pas censés être là. Et comme le temps s'écoule et que Di Caprio ne voit plus personne et que les touristes semblent ne pas vouloir venir par ici, il devient fou et se comporte comme Tarzan. Il délire en se prenant pour un personnage de jeu vidéo, et en plus, il semble heureux d'être seul, car il peut enfin s'amuser. Mais voilà, en présence d'autres individus, Di Caprio n'aurait pas eu ce genre de comportements, donc cela prouve que l'être humain a besoin d'autrui, même si parfois, il veut s'en débarrasser pour un certain temps. Mais la solitude peut conduire à la folie, donc voilà pourquoi on en vient à aimer son pire ennemi dans ce genre de situations, et lui inversement, car au fond, les deux pires ennemis deviennent fous chacun, et le seul moyen de se libérer de cette folie, c'est de se parler, de se pardonner, de ne plus se regarder comme des ennemis, mais devenir amis pour survivre dans ce genre de contextes où ils sont livrés à eux-mêmes. Ainsi, à eux deux, ils peuvent s'entraider. S'il y avait dix personnes au monde, des conflits seraient alors apparus, comme des rivalités amoureuses, et chacun pourrait choisir ses amis et avoir des rejets pour d'autres personnes. Mais voilà, quand on est deux, c'est là que c'est le plus intéressant : chacun n'a pas d'autre choix que d'adresser la parole à l'autre qui est un humain comme lui, et quand on est vraiment seul, on peut passer d'un état humain à un état animal, car l'homme descend du singe et a gardé quelque chose de cet animal intelligent. Mais le singe ne peut pas parler, donc l'homme est encore plus intelligent.