Remake de l'une des oeuvres phares de Wes Craven, La Dernière Maison Sur La Gauche seconde génération est la preuve parfaite que l'élève peut parfois dépasser le maître. En effet, la version de 1972, pourtant signée de la main de l'un des plus grands cinéastes d'épouvante, s'avérait absolument détestable : extrêmement choquante, vulgaire et dérangeante, dans le plus mauvais sens du terme. Et ce malgré l'énorme polémique crée à sa sortie et son statut de film culte pour de nombreux amateurs du genre. Heureusement, le goût prononcé des réalisateurs pour les remake de films d'horreur ces dix dernières années est parvenu à donner une seconde vie à l'oeuvre. Sous l'oeil avisé de monsieur Craven, produisant et supervisant la nouvelle version de son métrage, c'est un certain Dennis Illiadis qui se charge du projet. Si ce dernier n'était pas particulièrement connu dans les salles de cinéma, il nous délivre là l'un des plus mémorables films de genre de ces dix dernières années. A mi-chemin entre le survival et le raped and revenge, La Dernière Maison Sur La Gauche ne reproduit pas les erreurs de son prédécesseur, et les transforme même en véritables atouts. Choquant, le film l'est tout autant, dérangeant, il l'est également, mais l'aspect extrêmement vulgaire de l'original est suffisamment atténué, le rendant beaucoup plus accessible. Pourtant, la première partie s'avère toute aussi insoutenable. Et pour cause, lorsque deux jeunes filles tombent entre les mains d'une famille de meurtriers dégénérés, le film qui nous impressionnait dés ses premières minutes par une superbe photographie et une bande-originale prometteuse composée par John Murphy bascule subitement dans une violence pour le moins heurtante. Rarement un film de genre ne nous aura autant poussé à détourner les yeux de l'écran, en éveillant des sujets plus que sensibles mis en scène dans une brutalité crue et filmés sans concessions. Toutefois, et là où le remake se démarque d'ailleurs énormément, c'est au niveau de la psychologie qu'il instaure pour l'ensemble de ses personnages. Bourreaux autant que victimes, chacun bénéficie d'un développement supérieur à la moyenne. C'est l'une des raisons pour laquelle certaines scènes frôlent l'insoutenable : qu'il s'agisse du viol que l'on redoutait, presque autant que des scènes de torture pure et dure éprouvantes au plus haut point pour nos nerfs. Dennis Illiadis met tout en oeuvre pour plonger son métrage dans un sentiment de réalisme viscéral, les séquences s'enchaînent sans nous laisser le moindre répit, devant une caméra qui ne nous épargne rien du spectacle. La seconde moitié de film aurait donc quant à elle presque tendance à paraître récréative à côté du véritable calvaire que l'on subit durant la précédente. Après le " raped ", place au " revenge ". Trois quarts d'heure de survival intensif, qui pourrait facilement se prétendre vrai modèle du genre. Si l'heure n'est plus à fermer les yeux devant les actes répugnants des tortionnaires, elle est à la tension et au stress, grâce à une ambiance et une atmosphère des plus brillantes. La première partie mettait en avant l'une des protagonistes principales du film, interprétée par une actrice d'une crédibilité impressionnante pour qui l'on s'accroche littéralement, la suite se concentre sur ses deux parents, prêts à tout pour protéger et venger leur progéniture. La transformation psychologique est vraiment marquante, d'un banal couple de banlieue bourgeoise à cheval sur les bonnes manières, ces derniers deviennent de véritables machines à tuer. A l'image des parents, l'évolution de la relation entre les tortionnaires est l'un des points forts de La Dernière Maison Sur La Gauche, qui ne se contente pas de leur attribuer le statut de simple meurtriers, sadiques, et autres énergumènes frappées par la folie comme cela peut souvent être le cas et qui au contraire, attache un soin tout particulier à leur relation, notamment entre un père et un fils donnant lieu à des passages tétanisants. Un film comme Mother's Day a d'ailleurs bien compris la leçon quelques années plus tard. La Dernière Maison Sur La Gauche est donc bel et bien l'une des plus grosse claques horrifiques de ces quelques dernières années. Rarement un film de genre n'aura été aussi humain et inhumain à la fois. Pour un remake, c'est un coup de maître.