Méticuleusement documenté, le long-métrage guérilla "Green Zone" adapte le bouquin à charges d'un reporter ayant tâté du terrain, Rajiv Chandrasekaran, décrivant l'occupation américaine dans les palais de Bagdad (la fameuse ''zone verte'') et déterrant les mensonges d'Etat. Si "Green Zone" reste avant tout une entreprise de dénonciation massive du gouvernement Bush, il caresse pourtant les codes du ciné hollywoodien dans le sens de la visière : contrairement à un "Démineurs" qui nous dit, en substance, qu'il n'y a pas de héros en guerre (juste de pauvres types égarés dans un conflit et qui en sortent épaves ou accrocs), le film de Greengrass est centré sur un authentique chevalier de la justice et de la vérité, luttant contre vents et marines pour défendre ses idéaux – le dernier plan, symptomatique, l'érige d'ailleurs sur son piédestal. L'adjudant-chef Roy Miller, inventé pour l'occasion (interprété, qui plus est, par l'omniprésent Matt Damon) se retourne contre ses supérieurs en découvrant au fil de ses missions que, oh scoop, aucune arme de destruction massive ne se planque en Irak ; derrière la rébellion apparente de l'individu contre le système se lit une définition toute classique du ''héros'', qui ne peut exister qu'en s'écartant de la norme qui l'a créé. D'où, il faut bien le dire, un certain manque d'aspérités du personnage, aussi lisse que le sont d'ailleurs tous ses petits camarades, sans réelle épaisseur dramatique malgré le joli casting. Fondamentalement, pas grand-chose n'a changé depuis "La vengeance dans la peau", dont "Green Zone" apparaît comme la version bis et irakienne, en un peu plus politisée ; quoique, le dernier ''Jason Bourne'' avait lui aussi sa charge patapouf anti-CIA, tellement énorme qu'elle en devenait iconoclaste. Mais ici comme dans "Démineurs", le discours politique passe largement au second plan au profit des qualités premières du produit : le grand spectacle... (la suite sur mon blog : http://mon-humble-avis.blogs.allocine.fr/)