Après Vol 93 (2006) et le récit des attentats du 11 septembre 2001, Paul Greengrass adapte au cinéma les motivations fallacieuses qui ont conduit à l'invasion de l'Irak par l'armée américaine le 20 mars 2003.
Habitué des conflits et événements internationaux majeurs de notre histoire récente, Greengrass relate la genèse de l'engagement américain en Irak et dévoile ses fondements basés sur le mensonge et la tromperie. Une démarche osée mais fidèle à la réalité historique, puisqu'aujourd'hui, il n'est plus nécessaire de rappeler cette vérité évidente qui fait écho à l'intuition fondée de la diplomatie française de l'époque quant à l'absurdité de cette guerre.
Adapté du livre "Imperial Life in the Emerald City" (2006) du journaliste d'investigation Rajiv Chandrasekaran, Green Zone est un film de guerre mais également d'espionnage, un fait peu étonnant venant du réalisateur de deux volets de la franchise Jason Bourne mais utile au déroulement de l'intrigue. En effet, bien que le gouvernement américain soit à l'origine des fausses preuves qui ont conduit à la guerre, le rôle de l'espionnage est crucial dans le scénario, avec la CIA toute aussi visionnaire que le gouvernement français. Ainsi, au-delà d'un conflit entre deux pays, c'est également celui de la vérité et du mensonge, incarnés par la CIA et Washington, une lutte interne et fratricide entre agents d'un même pays. A noter toutefois que cette dimension de l'intrigue est fictive et a été adoptée par Greengrass pour des raisons scénaristiques.
Tournée en Espagne et au Maroc, cette production organisée par plusieurs pays ne rencontre toutefois pas le succès au box-office. Ainsi, avec un budget de 100 millions de dollars, les recettes internationales atteignent péniblement les 95 millions et les critiques restent mitigées. Et la présence de Matt Damon, bien que toujours aussi convaincante, ne permet malheureusement pas de relever le niveau de ce film de guerre et d'espionnage, même s'il est vrai, l'aspect "thriller" est également présent à travers la course-poursuite entre Miller et les forces spéciales.
Toutefois, les fans de la saga Harry Potter apprécieront la présence de deux acteurs majeurs de l'univers du jeune sorcier : Brendan Gleeson (alias Maugrey Fol'Oeil) et Jason Isaacs (plus connu dans la peau de Lucius Malefoy), dans deux rôles toujours aussi antagonistes.
Finalement, Green Zone voit le jour à partir d'un événement historique capital mais son déroulement souffre de défauts dans sa réalisation. La manière de filmer d'abord, constituée de mouvements dynamiques et de plans serrés, qui a la qualité de vouloir correspondre au dynamisme de l'action mais qui finit par lasser. L'invraisemblance de quelques aspects du scénario sont également à souligner, avec un soldat proche de la rébellion qui continue pourtant à être sur le terrain, au plus près du conflit, même s'il ose contester en public les ordres de l'état-major américain.