Les Cruels est un bon petit western spaghetti, sans grand génie, mais tout à fait divertissant. Il s’appuie d’abord sur quelques bons acteurs. Ok les personnages des frères sont un peu stéréotypés et les acteurs moyens (le « gentil frère » est vraiment fadasse quand même), mais il y a Joseph Cotten qui impose son charisme froid et surnage sans difficulté dans le métrage, et Norma Bengell, qui hérite du personnage le plus intéressant du film. Jouant avec malice, elle apporte beaucoup de vigueur dans la deuxième partie du film, succédant en rôle féminin à Maria Martin qui surjoue un peu dans la première partie (même si c’est partiellement justifié par son ivrognerie). Quelques bons seconds rôles viennent agrémenter l’ensemble, notamment Al Mulock en mendiant.
Le scénario est simple mais efficace. Un convoi qui doit arriver à bon port, des obstacles nombreux, la recette d’un western spaghetti rythmé, violent, pas dénué de l’excentricité fréquente dans les western italiens de série B ni d’ironie. La fin en est d’ailleurs le meilleur exemple. Globalement on ne peut pas dire que le film ait énormément d’ambition ni qu’il soit exempt d’incohérences (poignard, vêtement, pas de sang ?), mais le divertissement est largement assuré grâce à une écriture simple, sans chichi, sans longueur.
Formellement on retrouve le savoir-faire de Corbucci, avec une réalisation très nerveuse aux effets parfois un poil excessifs mais efficace. Les scènes d’action sont peu nombreuses mais violentes et prenantes. On notera aussi que le film avait quelques moyens, avec une bonne figuration, une reconstitution d’époque convaincante, de beaux décors lorsque le besoin se fait sentir (sachant que le film se déroule quand même la plupart du temps en rase campagne). L’ensemble est porté par une musique plaisante signée Morricone qui nous sert toutefois une partition un peu classique et loin de ses meilleures.
Pour moi, Les Cruels est une solide série B d’époque qui tient la route. Ce n’est certes pas le western le plus ambitieux ni le mieux campé que j’ai pu voir, mais le divertissement ravira les amateurs du genre. Formule simple et plaisir simple, la recette Corbucci fonctionne encore ici. 3.5