"Joyeuses funérailles" est une production cosmopolite qui obtient mon coup de cœur alors que je suis tombé dessus par le plus pur des hasards. Pourtant doté d’un humour très britannique qui fait le succès des réalisations outre-Manche, le film de Frank Oz n’a pas trouvé son public en salles pour rester méconnu. Bon il faut dire que le titre laisse présager une comédie lourdaude sans saveur, mais je ne vois pas ce qui aurait pu être choisi à la place de celui-ci. Peu importe, le titre est là, et c’est sans grande conviction que j’ai commencé à le visionner, avec ce générique de début à l’aspect de film d’animation représentant un cercueil sillonnant tout un dédale de routes en semant des pointillés derrière lui, au rythme d’une musique qui aurait pu être utilisée pour un spectacle de magie ou de cirque, ou de je ne sais quoi d’autre dans le genre. Le générique s’arrête pour laisser place aux premières images : en fait un corbillard garé devant une grande maison, qui vient livrer un cercueil contenant le corps d’un homme qui s’avère… ne pas être le bon ! Le ton est donné, et la musique géniale signée Murray Gold nous indique bien que les funérailles ne vont pas se passer du tout comme prévu, et que ça va être un sacré cirque. Menée tambour battant, cette comédie regorge de gags parfois hilarants, et je vous défie de ne pas rire à gorge déployée à quelques reprises. Certaines situations sont pourtant convenues et on les devine à l’avance, mais on se dit alors qu’on va avoir droit à quelques menues surprises. Car pour une comédie, il faut surprendre ! Eh bien la surprise réside en le fait qu’il n’y a pas de réelles surprises, les situations ne tombant jamais dans la surenchère. Ceci permet non seulement aux gags de ne jamais tomber à plat, mais aussi de donner du même coup une certaine crédibilité à cette épopée funèbre. De plus, cette comédie ne serait pas ce qu’elle est sans le casting, dont certains membres très drôles emportent ma mention spéciale. Je pense notamment à celui qui a hérité du rôle le plus difficile : Alan Tudyk (Simon), une composition de tous les instants. Je pense également à Kris Marshall (Troy), de par son jeu tout en subtilité. Ces deux acteurs ont une qualité scénique exceptionnelle, et leurs humeurs sont si bien rendues au niveau du visage qu’ils pourraient presque se passer de dialogues. J’ai dit presque, hein… Du point de vue technique, la réalisation de Frank Oz est de bonne facture : aussi simple que le scénario, sans effet compliqué, mais diaboliquement efficace. Quant au scénario, il me fait penser à cette capacité qu’ont les humoristes à démarrer leur sketch sur une situation de base, pour ensuite broder autour selon ce que leur imagination leur dicte. Le tout est frais, léger, à condition toutefois d’avoir de l’humour et de ne pas s’offusquer sur le fait qu’on puisse rire de tout. Alors à partir de ce moment-là, "Joyeuses funérailles" se révèlera à vos yeux particulièrement jouissif, voire à mourir de rire. C’est presque dommage que ce film ne dure que 90 minutes…