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Bruno François-Boucher
111 abonnés
163 critiques
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4,5
Publiée le 24 mars 2015
Les assassins de l’ordre est un fort bon film, plus maîtrisé à mon sens que certains Cayatte, malgré leur scénariste commun Jean Laborde. C'est un témoignage assez fort d'une France encore verrouillée et sous l'emprise de tout un système de répression qui fit les beaux jours de l'O.A.S, les pavés de mai 68 n'ayant en rien changé la donne dans les arcanes de l'Etat et du pouvoir judiciaire. Le combat aussi vain que courageux mené par le juge interprété assez brillamment par Brel est tout à l'honneur de ce film à la mise en scène sobre et efficace qui figure parmi les oubliés du cinéma français. Deux ans avant Giovanni dans Deux hommes dans la ville, et de manière beaucoup moins caricaturale, Carné aborde sa dénonciation à l'intérieur du système en utilisant le principe du subalterne choisi pour son obéissance et qui, une fois le pouvoir conféré, va en démonter peu à peu tous les rouages. Quelques dialogues croustillants (« Qu'est-ce qu'un fonctionnaire ? Un type qui fonctionne….», Denner reprochant au juge sa naïveté « Quand j’étais petit, moi aussi je lisais Don Quichotte… », ce à quoi lui répond Brel « Oui, mais vous vous n’avez pas grandi ») et d'autres plutôt pertinents (« La justice n'est que l'équilibre entre les mensonges, la balance finit toujours par s'incliner du côté où la pression est la plus forte »). Les seconds rôles sont tous excellents (Denner, Lonsdale, Caussimon, Bobby Lapointe...). Il est intéressant de noter également que Carné, contrairement à ceux de sa génération, a abordé les évolutions de la société des années 60 avec beaucoup d'intérêt et de sincérité, ce qu'on lui a curieusement reproché. Il le fait une nouvelle fois avec ce film, n'hésitant pas à mettre en avant les enfants de mai 68 de manière assez affinée, ce qui n'était pas toujours le cas à l'époque des Tricheurs et de Terrain Vague qui ne méritaient cependant pas d'être autant massacrés. A se demander d’ailleurs si l’on ne pourrait pas employer ce déterminatif de Terrain Vague à certains films de la Nouvelle Vague en réponse à ce qu’ils ont fait subir à Carné, Duvivier, René Clair et certains Delannoy.
Je viens de découvrir ce film avec un immense plaisir. On y retrouve Jacques Brel interprétant de façon magistrale un juge d'instruction opiniâtre n'écoutant, malgré les pressions, que son cœur et sa raison pour défendre une cause alors que toute lutte semble d'ores et déjà perdue d'avance... Les autres acteurs sont eux aussi formidables. A découvrir...
Si vous êtes comme moi fan de la série Engrenages, notamment du volet judiciaire, vous ne pourrez vous empêcher d'y penser à la vision de ce film étonnant réalisé par le grand Marcel Carné dans sa période tardive, et avec un Jacques Brel ultra brillant comme d'habitude. Ce dernier y incarne un juge d'instruction devant faire face à la pression de sa hiérarchie, des médias etc, à l'ouverture d'une enquête sur le meurtre d'un prévenu par des policiers peu scrupuleux. La qualité de l'image est un peu pâlichonne, mais la mastérisation est bonne, et surtout on oublie vite ce petit défaut devant de tels talents du cinéma français.
Le titre donne peu de doute sur le sujet et le déroulement du film, l'intéressant se trouve dans le réalisateur et les acteurs principaux, le premier sait tenir la manivelle et les autres jouent toujours justes.
Même si le réalisme poétique avait rendu l'âme depuis longtemps, on peut se demander ce qui a pris à Marcel Carné de suivre les traces d'un André Cayatte. Peut-être l'envie d'être absolument dans son époque avec un Mai 68 encore très frais dans les esprits, "CRS est égal SS" donc pour la Police c'est à peu près la même chose. Reste que Carné réalise un film sans la moindre personnalité, aussi didactique et manichéen qu'un Cayatte, à la mise en scène pauvre et sans inventivité. Heureusement que les acteurs s'en sortent très bien à l'image d'un Jacques Brel, donnant beaucoup de profondeur à son personnage de juge d'instruction impartial, ou de Charles Denner, impeccable en avocat cynique et lucide. A voir comme le témoignage de l'état d'esprit d'une époque plus que comme un Carné.
13 820 abonnés
12 445 critiques
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3,5
Publiée le 19 février 2012
On n'a l'impression d'être dans un film d'Andrè Cayatte et pourtant "Les assassins de l'ordre" est signè par un metteur en scène lègendaire qu'on ne prèsente plus puisqu'il s'agit de Marcel Carnè en personne! Jacques Brel est un excellent juge d'instruction qui dèfend bec et ongles la cause d'un homme dècèdè dans un commissariat des suites de mauvais traitements policiers! Dans les seconds plans, du très beau monde: d'une courtoisie inquiètante, Michael Lonsdale est parfait en commissaire mais c'est Charles Denner qui impressionne en maître Grazianni parce qu’il frappe dur dans la plaidoirie! En adaptant un roman de Jean Laborde, Carnè signe un drame psychologique / policier remarquable qui doit beaucoup à sa belle brochette de comèdiens et à ses dialogues superbes de Paul Andrèota! Une image un peu vieillotte ne gâche en rien le mètrage mais au fait pourquoi diable est-ce Marcel Carnè qui a signè ce film ?
Un film exceptionnel de Marcel Carné, un de ses meilleurs (mais curieusement pas l'un des plus connus).. Une histoire intensément touchante racontée a la perfection, avec un rôle central joué par Jacques Brel qui montre décidément qu'il est un tres grand acteur. Absolument excellent.
Scenario bien mené. La réalisation a peut être un peu mal vieilli; cependant les acteurs jouent bien. Mention pour J. Brel qui me parrait très crédible dan son rôle.
Si ce film de Marcel Carné peut aujourd’hui sembler avoir mal vieilli, et donc peut-être sombrer dans l’oubli, c’est uniquement du fait de sa photographie à l'ancienne. Au-delà de cet aspect visuel, il nous donne une image très réaliste de l'opposition (illégale et malhonnête) entre les forces de l'ordre et la justice, ce qui est un sujet délicat qui reste malheureusement d'actualité, tout en travaillant en profondeur le drame psychologique de ses personnages. En effet, le traitement de cet affrontement juridique ainsi que le jeu intense de Jacques Brel, qui trouve sans doute là son rôle le plus bouleversant, rendent ce film aussi palpitant qu'intelligent.
Bien que la mise en scène soit un peu raide Les Assassins de l'ordre se regarde avec intérêt car ce drame judiciaire bénéficie d'un scénario solide et d'excellents acteurs dont un Jacques Brel totalement imprégné par son rôle de juge d'instruction dépassé par la situation.