Après l’étonnant mais imparfait "Paris, Je t’aime", j’étais assez curieux de voir ce que pouvait donner la vision américaine de cette série consacrée aux "Villes de l’Amour" (produit par Emmanuel Benbihy et Marina Grasic). On retrouve, avec "New-York, I love you", le même cahier des charges (succession de petites histoires ayant pour thème commun l’amour, la ville-titre comme personnage principal exploré quartier par quartier, la découverte de différents univers propres à chaque réalisateur…) mais le film a l’intelligence de ne pas reproduire les erreurs de son prédécesseur. En effet, le principal reproche que l’on pouvait adressé à "Paris, Je t’aime" était d’avoir beaucoup trop cloisonné chacun des courts-métrages, l’empêchant ainsi de prétendre à une certaine homogénéité et renforçant son caractère inégal. Dans "New-York, I love you", on appréciera que certaines histoires s’entrecroisent et qu’aucun des réalisateurs ne se soient livré à un exercice de style atypique qui aurait fait tâche. Ce parti-pris confère au film un sentiment d’unité et met en exergue la fierté des habitants de vivre à New-York. "New-York, I love you" est d’ailleurs typiquement américain (on retrouve davantage le côté arty de la côte Est que le bling-bling californien) et reproduit en cela l’exploit de son prédécesseur d’où ressortait une ambiance délicieusement parisienne. Concernant les courts en eux-mêmes, ils n’échappent pas à la règle de la comparaison. Parmi les meilleurs, on retiendra le court de Jiang Wen avec son joli trio d’acteurs (Hayden Christensen, Andy Garcia et Rachel Bilson) et son histoire de faux-semblants. Les 2 segments signés Yvan Attal sont construits sur la même logique : une discussion nocturne très sexuée sur un trottoir entre 2 personnages (Ethan Hawke et Maggie Q puis Chris Cooper et Robin Wright Penn) suivie d’un retournement de situation plutôt bien vu. Plus étonnant, le bourrin Brett Ratner nous livre une histoire amusante et surprenante entre un jeune puceau (Anton Yelchin) et sa cavalière en chaise roulante (Olivia Thirlby) sous l’œil bienveillant de taulier James Caan. Quant au segment consacré au couple de retraités (Eli Wallach et Cloris Leachman), qui passent leur temps à s’engueuler pour finalement se laisser aller à un moment de tendresse devant l’océan, il remporte la palme de l’intrigue la plus drôle mais aussi la plus attendrissante. Parmi les courts un peu plus inégaux, le segment avec Orlando Bloom et la furtive Christina Ricci s’appuie sur l’échange téléphonique assez sympa entre les 2 personnages mais s’avère assez anecdotique. Idem pour l’intrigue entre l’artiste (Ugur Yucel) et la vendeuse (Shu Qui) dont l’intérêt ne parait pas évident mais qui se regarde sans déplaisir. Véritable muse de la série, Natalie Portman s’essaie ici à la réalisation et dresse un portrait de baby-sitter un peu brouillon mais surprenant dans sa conclusion. L’histoire d’amour entre Bradley Cooper et Drea de Matteo, axée sur une réflexion sur les histoires d’un soir, est un peu bavarde mais esthétiquement très réussie. Enfin, on appréciera l’intrigue pas forcément transcendante mais très efficace du jeune couple (Justin Bartha et Eva Amurri) partant en voyage. J’ai été davantage déçu par le segment de Mira Nair (avec Natalie Portman en future épouse juive) qui souffre d’un traitement bien trop sérieux, de dialogues ennuyeux et surtout qui se désintéresse de la Ville au profit de ses personnages. Idem pour le court de Shekan Kapur (avec Julie Christie et Shia LaBeouf), bien trop longue et métaphorique et qui aurait sans doute davantage eu sa place dans "Paris, je t’aime". Il s’agit néanmoins des 2 seuls segments ratés de ce film qui dresse un portrait magnifique de New-York, ville romantique, cosmopolite et surtout vivante. On attend désormais avec imaptience les futures suites (en espérant que les producteurs arrêteront leur choix sur Londres ou Rome). Un regret néanmoins : l’absence de certains new-yorkais légendaires comme Robert de Niro, Martin Scorsese ou Woody Allen.