J'ai décidé, l'espace d'une journée, de me consacrer au cinéma français. Trois films, à commencer par Coco avant Chanel, suivi de Lol et d'enfin Celle que j'aime. J'étais proche de l'effondrement psychologique devant tant d'inconsistance, de sentiments baveux, et de politiquement correct. En comparaison aux deux autres, Coco avant Chanel affiche une finesse exemplaire et constitue un film respectable et honorable. On nous promet un destin hors du commun, une vie rocambolesque merveilleuse et improbable. En fin de comptes, par quoi est-on servi ? Un vide abyssal, des péripéties constamment proches du néant. Gabrielle Chanel devient orpheline lorsque son père s'en délaisse. Pour se faire quelques sous, elle brode quelques tissus et chante dans un bar miteux. Là, elle fait la connaissance du châtelain Balsan. Elle décide de tout quitter pour taper l'incruste chez lui. Plus rien ne se passe, un terrible ennui guette. Incursion dans la vie mondaine oisive. Puis elle vit un amour réciproque, anéanti par la mort. Où est l'originalité ? On voit le parcours d'une femme masculine, fumant énormément (même lorsqu'elle crée, bonjour l'odeur), antipathique, refluant sans cesse sa féminité, sa fragilité et sa chaleur humaine, et obsédée par le fric, le succès et la célébrité (personnage détestable). On convient de l'influence incontestable qu'elle a exercée, et de l'empreinte irréfutable qu'elle a laissée sur le monde de la mode. Mais elle n'a rien accompli par ses propres moyens, constamment plus que soutenue financièrement par les hommes. Une étoile pour Audrey Tatou, mimétique, bluffante, et Benoît Poelvoorde, qui a su rendre un beauf pathétique très touchant. La réalisation pour ne rien gâcher est digne des pires téléfilms larmoyants du dimanche après-midi. Une oeuvre d'une platitude extrême, dépourvue de tout rebondissement, de toute émotion, et dont l'absence totale de tension dramatique vous laisse stupéfait. Inconvenant, regrettable, sans une once de grâce.