La loi et l’ordre
Un film de Jon Avnet
Il y a déjà douze années, ces deux monstres sacrés du cinéma américain que sont Robert De Niro et Al Pacino se croisaient pour la première fois dans Heat, l’excellent film policier mis en scène par un Michael Mann très inspiré.
A l’époque, on pouvait surtout affirmer qu’ils jouaient dans le même film, car ils ne partageaient que de rares scènes ensemble. Aujourd’hui, les deux comédiens se retrouvent à nouveau, dans un contexte pas très éloigné du précédent, à la différence près que leurs personnages sont ici tous deux du bon côté de la loi. Ils interprètent deux policiers, les détectives Turk et Rooster de la police de New York. Leur longue carrière –ils exercent leur profession depuis plus de trente années- ne les a toujours pas dégoûtés, et c’est avec le même enthousiasme qu’ils écument les rues sombres de la ville. Des meurtres sont commis, Turk et Rooster sont chargés de l’affaire. Rompu à ce genre d’exercice, le tandem est néanmoins surpris de constater que les victimes partagent un point commun étrange : elles appartiennent toutes à la pègre. Très vite, l’enquête semble mener vers un tueur en série insaisissable, qui connaît tout de ses victimes.
Après une générique qui fait craindre le pire, avec une présentation du duo de choc du plus pur style « buddy movie », Jon Avnet adopte un style moins caricatural. Le personnage interprété par Robert De Niro, Tom Turk, est le narrateur. Il confesse avoir truqué certains éléments dans une affaire afin d’obtenir la comdamnation d’une ordure de la pire espèce. Son comportement expéditif est couvert par Rooster, son fidèle partenaire. Le duo est très soudé, et se soutient mutuellement dans les pires épreuves, y compris quand Turk franchit la ligne, ce qui lui arrive plutôt souvent. Et le tueur en série qui les mène en bateau mettra leurs nerfs à rude épreuve.
Le metteur en scène a choisi de raconter son histoire sous un angle déroutant. Quand le narrateur explique toute l’affaire, par le biais d’une vidéo noir et blanc, l’ensemble paraît bien brouillon. Les enchaînements semblent aléatoires, certaines ellipses ont du mal à se justifier, la faute à un montage discutable. Cependant, l’intérêt essentiel du film réside ailleurs, le récit étant somme toute plutôt banal.
C’est en particulier dans le fonctionnement du duo formé par ces deux comédiens d’exception que sont Al Pacino et Robert De Niro que le film tire son épingle du jeu. Le second en fait comme parfois un peu beaucoup, dans le rôle du méchant flic, sorte
de pittbull sous amphétamines, tandis que le premier, moins torturé, ne souffre aucune critique. Al Pacino a peut-être le plus beau rôle, où bien est-il simplement meilleur. Toujours est-il que les nombreuse scènes qu’ils partagent fonctionnent bien, et qu’ils sont entourés de seconds rôles également convaincants. A côté de Brian Dennehy, qui campe leur supérieur, Donnie Wahlberg, John Leguizamo et Carla Gugino endossent leur tenue sans sourciller, celle de collègues de la police new yorkaise. Une police qui a bien du mal à distinguer le bien du mal, et a contenir ses brebis égarées…