C'est sans espoir qu'il faut aborder ce film faussement visionnaire. Avec l'agréable surprise que constituait Crank, puis la méfiance suivie d'un certain désarroi de Crank 2, on était en droit de s'interroger sur la légitimité d'un autre film stroboscopique de la part des réal. Seulement, ce qui fonctionne pour un délire second degré comme Crank, même lubrique, ne fonctionne plus avec un film dénonciateur et alarmiste comme Gamer. Le ou les propos qu'il dénonce ou aborde, ne peuvent se faire en s'y vautrant soi-même... Pour preuve, la réalisation numérique dernier cri, avec son image jamais stabilisée, stylée strobo et appuyée par des couleurs et des lumières saturées, ne montre pas, mais induit l'épileptie. Atout non négligeable pour les réal, qui évitent ainsi de tourner un film. Pratique, l'impression colportée c'est cette valeur jeune et high-tech, branchée, massivement déclarée artistique à tort. Surtout, qu'on nous avait déjà fait le coup avec les Crank... En somme, Gamer c'est la preuve formelle de l'incompétence de deux réal surfeurs à faire du cinéma. L'ineptie visuelle avait un atrait qui collait avec l'idée de Crank, bordélique lui-même, mais qui va à l'encontre de son propos avec Gamer. Passons sur le scénario, qui n'a de prétexte que celui de bombarder de porno-chic encore une fois, seins et fesses, ou d'exploser du décor. Inintéressant, énième avertissement poussé dans l'extrème sur les dangers des progrès techniques et surtout de la génération Internet et jeux-vidéos, comme si ceux-ci ne pouvait qu'augurer ou aboutir sur le plus pessimisme des desseins. Enervant de simplicité. Voire rétrograde. Mais attention! parmi tout ce foutoir des idées reçues et politiquement correctes, on pourra récolter quelques micro-idées sur la jeunesse "m'en-foutiste" ou la différenciation riche-pauvre. A la rigueur, c'est ça la qualité de Gamer, faire du fric (le fric n'est pas mauvais en soi) en faisant cohabiter des idées asymétriques... mais ça n'a rien du cinéma..