Uwe Boll, le réalisateur maudit et haï. J’avais sauvé sa peau avec Bloodrayne, qui m’a foi m’avais assez convaincu (faut pas non plus s’enthousiasmer), mais là je ne pourrai pas. Far Cry est un mauvais film, et il faut dire ce qu’il en est, avec 30 millions c’est intolérable. En fait avec 2 millions, ce film aurait été acceptable, mais avec le budget d’une série B de luxe, c’est juste un ratage monstrueux.
Je commence par le casting. C’est douloureux ! Til Schweiger à donc le rôle principal. Acteur soi-disant prometteur, je veux bien mais là faut pas pousser. Il est simplement inexpressif, n’a aucune vie, gambade, dézingue du méchant, saute dans tout les coins à la Beowulf, en conservant toujours son même air béta. On dirait un sosie de Stephen Baldwin (celui des très mauvais jours comme Shark in Venice).
A ses cotés il y a Emmanuelle Vaugier. Il faut reconnaitre quelle est fort belle (ma préférence va quand même à Natalia Avelon). Maintenant il ne faut pas s’attarder outre mesure sur ses talents d’actrice (et si elle en a elle se charge bien de les cacher ici). Dans les autres rôles on retrouve ce bon vieux Udo Kier. Ce qui est bien avec lui c’est qu’on a toujours l’impression (qu’il soit dans un navet de première ou un chef d’œuvre) qu’il prend plaisir à jouer. C’est le cas ici, même si on lit sur son visage qu’il est conscient de ce dans quoi il joue. Ralf Moeller est une figure récurrente de Boll. Son physique est bien mit en valeur, c’est vrai. Maintenant il ne risque pas de percer (il est quand même mieux là qu’en Conan !). En clair il n’y a presque rien à sauver (sauf le charme du casting féminin). Le scénario lui est sans intérêt. Histoire ultra-poussive, faux rebondissements (l’histoire Moeller-Vaugier est nullissime), le rythme n’est même pas complètement assurer, avec des moments molasses (faut dire que dès que l’action stoppe, les acteurs prennent le relai et ne donnant rien, on s’ennuie). Des films adaptés de jeux vidéo creux, c’est en général la règle, mais là Boll va trop loin. Heureusement il y a quelques dialogues d’une profonde nullité (avec quelques répliques qui se veulent bien senties mais qui font pschitt), qui pourront faire rire.
Visuellement je pense que les fans du jeu vont s’arracher les cheveux. Pour ma part je ne juge pas cela, mais il y à redire, même sans parler de la fidélité à la matière d’origine. C’est simple, le film ne fait jamais son budget. On se demande où sont passés les millions. Les décors sont d’une banalité effarante, sans aucun relief. Cette île est digne d’une production Asylum, et les intérieurs font horriblement datés. La photographie à l’esthétique très « téléfilmique » n’a aucun intérêt. La mise en scène c’est du Boll dans toute sa puissance. Pour ma part son travail ne m’a pas outrageusement choqué, et les scènes d’action ne sont pas si mal. Ca reste quand même très loin du standing de bien des films dans le genre, et parfois avec un budget inférieur. Quant au maquillage, il suffit de regarder Moeller sur l’une des jaquettes pour savoir à quoi s’attendre. C’est du barbouillage vite fait bien fait. La musique ne m’a pas du tout marqué.
Au final que dire pour conclure. Far Cry est un illustre ratage. Bon, il ne se ratatine pas totalement. D’abord au second degré il s’avère amusant et rigolo, mais même au premier degré il a de bons moments (si, si !). Quelques scènes d’action ne sont pas déplorables, Boll fait un travail de mise en scène certain. Après on peut ne pas aimer, c’est vrai qu’il a un style particulier, mais enfin on sent qu’il n’est pas resté sur sa chaise en supervisant vaguement l’affaire. Néanmoins on ne peut guère ajouter autre chose. En gros si vous voulez vous initier au réalisateur sans vouloir l’entarter à sa prochaine apparition publique, commencez par autre chose que Far Cry.