Edward Zwick est certes un très bon réalisateur, mais il n'en demeure pas moins êxtremement influencé par les canons hollywoodiens dont ses films sont parfois une véritable tansposition. Deux cas peuvent alors se présenter : soit la maitrise du cinéaste en terme de réalisation et de narration prend malgré tout le dessus sur ce conformisme presque scolaire, et on a alors droit à un chef-d'oeuvre (Le dernier Samouraï, Légendes d'automne), soit le lyrisme de ses images ne suffisent pas à nous faire oublier ces ficelles un peu trop apparentes, et le long-métrage ne décolle pas, ou bien alors il n'y parvient que difficilement. "Les insurgés" est, vous l'aurez compris, soumis à cette loi et s'en trouve handicapé, tant Zwick rend son oeuvre bancale, hésitant peut-être entre devoir de mémoire et souffle épique. C'est dommage ; le jeu d'un Daniel Craig tout en sobriété est parfait, celui de Liev Schreiber excellent, mais on doit bien s'y faire : Zwick a choisi la deuxième option, celle, là aussi, de la sobriété, et le rendu est très conventionnel. Pourtant, ce que le film perd en sophistication visuelle et en pathos, il ne le gagne malheureusement pas en profondeur : les questions soulevées par le sujet retombent directement à plat, et on a de facto droit à un ensemble qui manque de moëlle, de par son incapacité à exploiter à fond une histoire pourtant édifiante. Il reste tout de même un beau récit, qui bien qu'un peu plat, donc, est une belle image de la lutte de dizaines d'hommes (et en particulier deux) pour la liberté, mais surtout pour conserver leur humanité au coeur d'une époque pourrie ou les plus doux des moutons n'avaient d'autre choix que de se transformer en loups (et parfois, se rassembler en meutes) pour échapper à l'ours nazi.