Moins connus qu’Oskar Schindler, les frères Bielski ont pourtant sauvé des centaines de juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ces Biélorusses ont en effet construit des campements au milieu d’une forêt profonde, qu’ils connaissaient comme leur poche, et y ont abrité des juifs en fuite, tout en contribuant aux efforts des partisans soviétiques. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’Hollywood ne mette la main sur cette histoire incroyable ! « Defiance » ne reprend que les grandes lignes de ces faits, altérant ou simplifiant leur exactitude, fusionnant ou créant des personnages, affichant quelques anachronismes, etc. Mais ceci est souvent inhérent à un exercice cinématographique, donc passe encore tant que l’essence des faits est respectée. Et s’il on sent la volonté d’Edward Zwick de rendre hommage à ces actions nobles, et à ces héros de l’Histoire, le moins que l’on puisse dire est que ce n’est pas toujours fait avec adresse ! En premier lieu, le scénario effectue des choix narratifs étonnants, qui atténuent l’intensité des faits. Par exemple, le film démarre alors que les Bielski ont perdu leurs parents, et veulent se venger. Evoquer brièvement leur famille avant ce drame aurait pu conférer davantage de profondeur aux protagonistes. De même pour leurs épouses, évoquées en hors-champs uniquement. Il y a aussi la question des massacres de juifs et les conditions des ghettos, qui sont à peine montrés. Certes, ce sont des éléments bien connus et régulièrement dénoncés dans d’autres films, mais il aurait été utile de davantage les exposer pour accentuer la menace. L’autre gros souci du film est son manque criant de subtilité. A l’écran, les juifs sont soit des guerriers qui ne demandent qu’à en découdre, soit des bourgeois passifs et maladroits, admiratifs devant les Bielski. Si bien que l’on aligne les clichés. Et pas uniquement dans le scénario, la mise en scène étant souvent un peu lourde (regards appuyés, etc.). Heureusement, la réalisation reste propre, et offre même des (rares) scènes d’action efficaces. Le film s’appuie sur de charismatiques acteurs principaux, qui incarnent par ailleurs des protagonistes nuancés, se retrouvant souvent devant des choix moraux. Faut-il se venger des nazis au risque de devenir comme eux ? Faut-il sauver plus de juifs au risque de ne plus pouvoir nourrir ceux que l’on abrite ? Faut-il braquer d’honnête paysans pour sauver d’autres personnes ? A noter que la réputation des Bielski est encore plus nuancée dans la réalité, ceux-ci étant considérés dans certaines régions de Pologne ou de Biélorussie davantage comme des brigands communistes, que des héros juifs… Bref, une belle histoire, pas déplaisante à regarder, mais que l’on aurait aimé voir avec davantage de finesse.