Pour continuer mon cycle Natalie Portman, je me suis lancé dans Un hiver à Central Park (pourquoi avoir traduit le film comme ça, je n'en sais rien m'enfin passons). Je m'attendais franchement à un truc pas terrible mais j'ai pourtant été (très) agréablement surpris par ce drame porté d'un main de maître par l'actrice. Un film sensible, émouvant et doux sur une femme à qui il n'arrive rien de bon et qui a du mal à s'en sortir. Alors attention, je n'ai pas dit que le film n'était pas convenu, car il n'est pas vraiment original concernant le scénario. Mais l'ambiance du film est tellement belle, prenante, que je me suis laissé porté par l'histoire avec grand plaisir. C'est évidemment grâce à Natalie Portman qui, à mon goût, excelle bien plus dans des rôles comme celui-ci (posée, touchante) que dans des rôles déjantés comme dans Closer ou My Blueberry Nights (bien qu'elle soit magistrale aussi dans ceux-ci). Une actrice vraiment remarquable qui signe ici l'un de ses plus beaux rôles, à mon avis. Un rôle dur, sombre, pas facile à jouer. Son personnage est l'un des plus attachants que j'ai pu voir ces derniers temps, on ne peut effectivement que plaindre cette jeune femme qui enchaîne les tristesses et les culpabilités. Après avoir perdu son bébé de 3 jours, ce qui la ravage déjà moralement, elle ne parvient pas à trouver sa place dans sa vie sentimentale, entre un mari qu'elle a volé à une autre femme, cette dernière qui n'hésite pas à la remettre à sa place et son beau-fils de 8 ans, Will, qui ne la considère pas à sa juste valeur. En plus de sa vie plutôt difficile et de la culpabilité qu'elle éprouve vis-à-vis de la mort de son bébé, elle s'en prend plein la tronche de façon parfois cruelle (lorsque Carolyne lui balance à la face qu'elle ne doit plus voir Will, quand on voit comme elle s'occupe des enfants...), c'est horrible et la tendance du film est clairement au sombre, contrairement à certains sites qui classent le film dans la catégorie "comédie". Ce film n'est absolument pas une comédie, il ne fait vraiment pas rire (éventuellement sourire, mais uniquement lorsqu'on sent que la relation entre Will et Emilia s'améliore). L'ambiance du film est magnifique, car on suit toute l'histoire à travers ce seul personnage, ses émotions, son mal-être incroyable. Et il faut dire que Portman est superbe pour ce rôle car il lui va comme un gant (Jennifer Lopez était censée jouer ce rôle au départ, je n'imagine pas à quel point le film aurait été lésé). Une interprétation très sensible, mais surtout très émouvante (je me suis retenu de pleurer 2 fois et ça faisait longtemps qu'un film ne m'avait pas fait cet effet). Peut-être étais-je conditionné ce soir pour être ému facilement, mais toujours est-il que chez moi, l'émotion a fonctionné à merveille, renforcée par une BO des plus magnifiques. L'un des morceaux (dont je ne connais pas le nom, ô malheur) m'a beaucoup fait penser à la musique de Sia (Breathe Me) qui conclut la série Six Feet Under. A ce propos, j'ai été ravi de voir Lauren Ambrose dans ce film (la fille qui jouait Claire dans Six Feet Under), j'ai été surpris mais ça m'a fait plaisir car ça faisait longtemps que je voulais revoir cette actrice qui m'avait tant ému, de même pour Lisa Kudrow qui a un rôle vraiment très dur (totalement opposé à son personnage de Friends). Le dernier dialogue entre Natalie Portman et Lisa Kudrow est l'une des plus grandes scènes du film (en tout cas, celle qui m'a le plus touché). On notera aussi que le gamin, joué par Charlie Tahan, est vraiment crédible pour son âge et son interprétation évite tous les clichés du genre. Bref, un film au scénario assez banal dans le fond, mais traité de façon très originale (très dur, très froid et presque déprimant), avec tellement de coeur et de douceur qui n'ont cessé de me toucher d'un bout à l'autre. Un grand bravo à Don Roos pour ce petit bijou d'émotion très appréciable, qui mériterait clairement d'être plus connu. J'en attendais beaucoup moins et je ne peux que conseiller ce film aux âmes sensibles.