Trois histoires, trois mises en scène, trois façon de vivre un tournage indépendant, c'est ce que nous propose «Living in Oblivion» ( USA, 1994 ) de Tom DiCillo. Le film, globalement, conte l'histoire d'une équipe de tournage victime des aléas d'un plateau ( lait qui tourne dans la régie, problème de couples dans l'équipe, égos malmenés entre les acteurs, etc... ). Pour ça DiCillo réalise un film drôle, une comédie new-yorkaise qui, à mon avis, n'a rien à envier à un Allen. Cependant et c'est avant tout et surtout en ça que le film est intéressant, «Living in Oblivion» est bien plus qu'une simple comédie, c'est une véritable réflexion sur le cinéma, sur son mode de fonctionnement, sur la distance qu'il propose vis-à-vis du réel. En ce point, la première partie, qui joue sur le noir-et-blanc et la couleur est fort intéressant. Le réel est en noir et blanc et le film en couleur. Cette inversion s'explique par la suite puisque la première partie est un rêve, la deuxième aussi d'ailleurs. Les rêves / cauchemars s'encastrant les uns dans les autres, le tout nous mêle et il nous arrive de ne plus savoir où nous en sommes, puisque la partie finale se révèle être le tournage d'un rêve. En plus de disposer d'un humour pinçant ( qui va jusqu'à confondre le personnage de Buscemi avec la personne Buscemi ( cf : référence à l'amitié entre Buscemi et Tarantino ) ), le film de DiCillo joue énormément sur la réalité et la fiction, non seulement il y joue à l'intérieur du film mais aussi à l'extérieur puisque comme la confusion organisée qu'il y a dans l'histoire, il y a une confusion organisée dans notre esprit. En conclusion, «Living in Oblivion» est un véritable bijou de la comédie new-yorkaise mais surtout du cinéma indépendant américain. Le problème du film, c'est que son côté comédie assumée l'empêche peut-être de lui conférer un statut de grand chef d'oeuvre.