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Pascal
163 abonnés
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3,5
Publiée le 10 mai 2022
Actualité oblige, il est intéressant de jeter un œil sur "la terre" le film muet de l'Ukrainien Alexandre Dovjenko metteur en scène qui fut un des soutiens actifs de la révolution de 1917. Il fut nommé diplomate en Allemagne et en Pologne, par le gouvernement soviétique avant d'abandonner la carrière pour se tourner vers le cinéma.
Figure tutélaire du cinéma Ukrainien, Dovjenko réalisa "la terre" son film le plus célèbre ou il aborde le conflit entre les petits paysans et les Koulaks ( propriétaires d'exploitations agricoles plus vastes et plus prospères).
Dans les faits, ces derniers furent expropriés voire tout simplement éliminés physiquement, dans une répression sans pitié.
Si le film est précédé d'une forte réputation, il a vieilli, bien qu'il soit toujours très intéressant à visionner. Emprunt de lyrisme, marque de fabrique du réalisateur, c'est une ode à la nature valorisée comme mere nourricière. Le film permet aussi de voir, la femme du réalisateur I. Solntseva dans le rôle d'une paysanne.
Personne importante dans la carrière artistique du réalisateur, c'est elle qui terminera les derniers films de Dovjenko après son décès.
Notons qu'à partir des années de guerre, Dovjenko aura maille à partir avec le régime Stalinien jusqu'à sa fin. Son origine ukrainienne commune avec Kroutchev lui permettra de revenir au premier plan, lorsque ce dernier deviendra le maître du Kremlin.
Les aficionados du cinéma du patrimoine ne le manqueront pas.
L’Ukraine au temps de la collectivisation. Le monde ancien meurt ; un nouveau lève. Un vieux paysan encore voûté sur sa charrue s’inquiète des changements en cours. Mais son fils Vassili déborde d’enthousiasme. Avec la collectivisation viendra la mécanisation symbolisée par ce tracteur qui arrive sous les applaudissements des paysans et qui facilitera la récolte. Vassili exulte et partage sa joie avec Natalka sa fiancée. Mais les évolutions en cours ne sont pas du goût de tous. Khoma, le fils du koulak, hostile à la collectivisation et jaloux de Vassili, le tue d’une balle. Le père de Vassili refuse que son fils soit enterré selon le rite orthodoxe. C’est une foule silencieuse qui accompagne la dépouille du jeune kolkhozien tandis que Khoma, devenu fou, confesse son crime.
"La Terre" d’Alexandre Dovjenko est un film d’anthologie. « Le plus beau film du monde » annonce "Bach films", avec un brin d’exagération, sur la jaquette du DVD. C’est que La Terre marque l’apogée du cinéma muet soviétique, dans la lignée des grands films de Eisenstein ("Le Cuirassé Potemkine", "Octobre") qui en ont éclipsé la mémoire.
"La Terre" est bien sûr une œuvre de propagande qui ne recule devant aucune outrance. Vassili incarne jusqu’à la caricature l’énergie et l’enthousiasme des jeunes forces révolutionnaires qui réussit à convaincre son vieux père des avantages de la modernisation là où le vieux pope reste prisonnier de son obscurantisme. Khoma au contraire est l’archétype du koulak aigri et revanchard dont même la "Pravda", dans sa critique de l’époque, avait pointé du doigt le manichéisme. On ne peut aujourd’hui regarder cette ode à la collectivisation sans avoir à l’esprit l’effroyable famine qu’elle allait provoquer en Ukraine deux ans plus tard.
Pour autant, si on fait litière de cet encombrant arrière-plan propagandiste, si on accepte les conventions et les lourdeurs du muet, aujourd’hui irrémédiablement passées de mode, si on n’est pas rebuté par l’état catastrophique de l’image qui a pourtant été restaurée au début des 70ies par "Mosfilm", on ne peut que se laisser emporter par l’énergie panthéiste, par la virtuosité sensuelle qui se dégage de "La Terre".
Alexandre Dovjenko était l’un des premiers maîtres du cinéma russe. Dans La terre, il dresse le portrait de la ruralité ukrainienne de 1929 en pleine mutation. Le cinéaste met en scène l’affrontement entre les paysans pauvres, favorables à la mécanisation des travaux agricoles qui accompagne le début de la collectivisation des terres, et les paysans riches et propriétaires de leurs terres qui y sont opposés. Cette vaste fresque sur la paysannerie ukrainienne est, comme de nombreux films russes de l’époque, teintée de propagande pro-bolchévique. Son message – le partage de terres aujourd’hui assure les richesses de demain – est ainsi un peu appuyé à l’image du jeu des acteurs parfois porté jusqu’au lyrisme. Cependant, le film jouit de qualités esthétiques indéniables et peu communes dans le cinéma muet. Les plans en extérieur font ainsi l’objet de cadrages soignés et atypiques. La mise en scène est précise et veille à montrer l’attachement viscéral des paysans à la terre titre. Le montage du film n’est pas en reste avec l’utilisation appropriée des fondus et autres transparences. La terre propose également une belle galerie de « gueules » figurant idéalement le contenu du film.
C'est dans une Ukraine en pleine métamorphose que deux groupes de cultivateurs aux modes de pensée différents s'affrontent, et c'est autour du destin d'un jeune communiste que Dovjenko axe son histoire.
La force du film se trouve d'abord dans la façon dont Dovjenko capte tout ce changement dans l'histoire de son pays, à savoir la mécanisation du travail et la collectivisation des terres. A travers un scénario finalement assez simple, il met en avant un combat d'idéologie et de vision du monde et de la politique à travers un drame et le destin de ce jeune communiste. Malheureusement, cette histoire est parfois alourdie par un message un peu trop appuyé mais finalement qu'importe, tant Dovjenko apporte de la puissance et de la force à son oeuvre.
Techniquement audacieux "La Terre" livre son lot d'images fortes, notamment lorsqu'il montre la violence de ce combat, tant sur le plan idéologique que physique. Il retranscrit très bien cela à travers un visuel ingénieux où les plans marquant se succèdent. L'ensemble est bien rythmé et le réalisateur sait mettre en avant ses personnages, notamment ce jeune communiste, tout en captant les moments forts à l'image du final.
Peu à peu la tension monte mais Dovjenko n'en oublie pas le lyrisme et met en avant la nature entourant les paysans. Il orchestre les images avec brio à travers un montage ingénieux et en retranscrit toute la beauté, comme peuvent en témoigner les pluies lors de la dernière partie. Et finalement, c'est l'émotion qui va prendre le pas dans son récit, captant toute la force de cette lutte et des drames qui vont y découler.
Si le côté propagande n'est pas tout à fait maîtrisé et apporte quelques lourdeurs au film, c'est finalement sans grande conséquence tant Dovjenko arrive à lui donner de la puissance et à capter toute la force et l'émotion de cette lutte, tout en nous livrant de magnifiques tableaux naturels.
« La Terre » est un film de propagande soviétique souffrant d’un scénario simpliste (une histoire de lutte entre des « kolkhozniks » : paysans pauvres et des « koulaks » : paysans riches), d’une mise en scène lente et inféconde, ainsi que d’une vision manichéenne typique des films soviétiques de cette époque. L’intérêt réside toutefois dans son caractère historique, cette volonté implacable du régime communiste de mettre fin à l’appropriation des terres par des riches agriculteurs (assimilable à des capitalistes) qui conduira à l’extermination de plus de cinq millions de soviétiques. Enfin, je pense que la propagande en elle-même peine à convaincre : ennemi du Parti grotesque et caricatural, absence d’argumentaire, etc. Un raté d’un point de vue idéologique et artistique.
Le scénario, à base bien évidemment époque oblige de propogande pro-bolchévique, tiendrait sur trois lignes et n'a strictement pas le moindre intérêt. Par contre la plastique du film est tout bonnement sublime. Quand il s'agit de filmer des champs de blé agités par le vent, des fruits en train de mûrir ou le visage tanné des paysans ukrainiens, Alexandre Dovjenko est grandiose. Et à la fin on comprend que le véritable sujet de l'oeuvre n'est pas l'arrivée d'un tracteur suivi des conséquences que cette dernière engendre mais l'osmose entre la Nature et l'Homme qui vire parfois dans le mysticisme. Il n'est pas étonnant qu'Andrei Tarkovski en ait parlé comme une de ses grandes sources d'inspiration.
Comme nombre de ses camarades communistes et cinéastes dûment "vus et approuvés" par le régime, l'essentiel pour le réalisateur ukrainien Dovjenko n'est pas tant de retranscrire la réalité que de faire transpirer l'image d'une vérité transc...endée. L'expressivité des visages, les éclairs lumineux dans les yeux, un naturalisme enflammé par un lyrisme guerrier... Tout concourt à faire de ce drame rural un des sommets de l'esthétique soviétique, dont le final hallucinant, venant créer une mystique propre au collectivisme, par la mise en avant d'une figure christique qui naitrait d'un régime fondamentalement athée, prépare le terrain à l'oeuvre future du métaphysique Tarkovski.
13 955 abonnés
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4,0
Publiée le 16 février 2012
Alexandre Dovjenko dècrit dans "La terre" un moment très particulier de l'histoire politique de son pays: le dèbut de la collectivation des terres et de la mècanisation du travail! Le film contient quelques belles images et son oeuvre fût même classè dans les douze meilleurs films du monde dans un rèfèrendum à la fin des annèes 50! L'accueil du film fut pourtant reservè en Union Soviètique.On taxa le rèalisateur d'idèaliste rètrograde, sourd aux exigences de l'art socialiste. "La terre" reste tout de même une oeuvre de combat tèmoignant d'une rare violence visuelle et idèolique qui n'a pas pris une seule ride! Une oeuvre importante du cinèma muet pour ce beau poème lyrique...
Troisième volet de la trilogie de Dovjenko consacré à la révolution russe. A l'image de "La ligne générale" d'Eisenstein, ce film glorifie la mécanisation des campagnes avec l'arrivée du tracteur emblème d'une nouvelle ère moderne. Film de propagande pure et dure, le scénario ne vaut pas un kopek et on s'ennuie facilement dans ce film tant le message est martellé à n'en plus finir. Mais d'un point de vu esthétique il faut quand même avoué, que la séquence du labourage du champ avec le tracteur et la confection du pain n'a pas pris une ride après 3/4 de siècle. C'est toujours aussi moderne et rythmé et rien que pour celle-ci il faut voir ce film.
Le meilleur film de Dovjenko, cinéaste soviétique et plus précisément de culture ukrainienne. Le lyrisme enchante, les morceaux de bravoure fascinent, le naturalisme subjugue. Seule l'austérité est gênante car elle s'immisce maladroitement dans un ensemble assez harmonieux. Dovjenko, c'est le père de Tarkovski.