Je n'ai jamais lu de bouquins de Stephen King; je dois en avoir cinq ou six en stock, mais je les ai jamais terminés. En ce moment, je lis Misery, et ça m'incite carrément à me concentrer sur la carrière du bonhomme, ainsi qu'aux adaptations cinématographiques de ses propres oeuvres. Sauf que là, malgré tous les grands films que j'ai pu voir qui ont été tirés de ses bouquins, il en est un que je ne peux m'encadrer : cette bonne grosse daubasse immonde qu'est "Cell Phone". Voilà donc un cas particulier. Car "Cell Phone" est un film qui me débecte, une daube qui ma répugne autant qu'un mauvais burger dans un mauvais kebab au détour d'une triste ruelle sentant mauvais les égouts refoulant. J'exècre ce film, je ne le supporte pas. Oui, c'est bien la première fois que cela m'arrive, et je vus avouerai n'avoir jamais songé être répugné de la sorte par un simple métrage de faible qualité. Car "Cell Phone" n'a vraisemblablement rien de bon. C'est un film objectivement mauvais, universellement stupide. Je pense que l'on se mettra tous d'accord sur le fait que c'est mal foutu, mal filmé, mal monté, mal branlé; oui, c'est laid comme pas deux, encore moins esthétique que le moins esthétique des films de cette artiste inesthétique d'Uwe Boll. Débâcle artistique, monumental gouffre à pognon, budget qu'il ne remboursera jamais pour une maigre sortie en direct to video, "Cell Phone" est une horreur qui n'aurait jamais dû connaître le privilège d'être mise en scène par une tiers personne, écrite par un scénariste ( surtout pas Stephen King ! ) et interprétée par des acteurs de la trempe de Cusack et Jackson. Deux têtes connues qui se retrouvent paumées dans un film qui ne leur plaît vraisemblablement pas. De toute évidence, aucun ne semble jamais s'amuser, restant constamment cloîtrés dans une mono-expression frustrante et lassante, loin de leur talent d'autrefois. Là je parle surtout pour Jackson, tombé loin des Tarantino, Star Wars et autres réussites artistiques. Sam, que fais-tu dans cette daube? Sérieusement, y'a un producteur qui, en voyant le résultat final, s'est dit : "tiens, ça va être un gros succès"? Autant j'accepte largement de récompenser la prise de risque artistique, autant quand le film se donne des grands de fable moralisante avec un grand vide à l'intérieur, j'ai qu'une envie, c'est de le bâcher. Surtout que le propos est complètement bancal et stupidement avancé. D'accord, le portable nous obsède ( pas tout le monde, heureusement ). D'accord, c'est pas bien de passer son temps sur son portable, à textoter avec sa copine ou demander des nouvelles de ses parents quand on se trouve à Paris, et eux à Marseille. D'accord, d'accord, d'accord. Mais pour être crédibles, les gars, fallait mieux l'exploiter que ça ... Là, c'est du z à l'état pur, de l'incohérence narrative la plus totale. Pourquoi se passe-t-il cela? Aucune idée, et même s'ils ont tenté de donner un élément de réponse, c'est suffisamment oubliable pour que je ne m'en rappelle même pas. Et puis même, c'est tellement mal géré que l'on tombe rapidement dans le pathétique plutôt que dans l'horreur. Oui, c'est grotesque, grotesque car très mal filmé, interprété, écrit. La caméra bouge dans tous les sens sans jamais trouver de style propre, un tant soit peu original ou même un minimum intéressant. Ce n'est que banalité consommée et consommation de mauvaises idées narratives, mal appliquées dans une intrigue à la mord moi le noue ( au sens littéral, s'il vous plait. Merci d'avance ). Oui, c'est bin moche, et les types semblent s'en contenter. Que faire contre cela? Dès la première scène, c'est un gâchis complet, tant dans la tremblote insupportable d'une caméra de mauvaise qualité que dans le piètre jeu des acteurs de seconds rôles et des figurants de bas étage. Tout le monde s'en fout, mais personne n'a compris que le rendu final serait grotesque. Et vas y que ça se prend au sérieux, que ça se croit intelligent à tout va, au point de se perdre dans une écriture hasardeuse, bordélique et abrutissante, le tout explosant dans une apothéose finale de bêtise grasse. Ca n'a de sens ni pour le spectateur pleurant ses vingt euros perdus, ni pour le scénariste en herbe qui compte ses sou-sou sur son chè-chèque tâché du sang de l'oeuvre de base mutilée, d'un sang d'encre. Quand je vois "Cell Phone", quand j'entends qu'on en parle autour de moi, je ne peux que penser à l'arnaque qu'on nous a pondu au nom de Stephen King, le dieu des morts, un artiste dont la carrière n'est pas prête de renaître de ses cendres. Au cinéma, du moins.