Lorsque Mark Pellington, auteur du grand clip pop rock «U2 3D», décide d’œuvrer pour le cinéma indépendant américain, il en résulte «Henry Poole is here» (USA, 2008). L’éponyme Henry Poole est un homme seul, au visage sombre. Sous un climat radieux (qui ne tombera pas, même pendant les nuits éclatantes), Henry Poole intègre un modeste quartier américain, comme il en existe par centaine dans les séries américaines, et achète une maison où manque un mur. Sous les ordres de l’agent immobilier, le mur est rebâti. Sur son front, une tache. La voisine d’Henry Poole voit dans cette vulgaire tache la trace d’une présence divine. Reproduisant le miracle du saint Suaire, cette salissure anodine dessine les contours du Christ. Henry Poole, que le film révèle atteint d’une maladie mortelle, se confronte, à travers le mur, à la présence de Dieu en son foyer. Par cette métaphore aux accents grotesques, Pellington entend interroger la foi. Et comme la foi, aux Etats-Unis, pays érigé sur le principe du Capital, ne peut concevoir son élévation sans en vendre ses bienfaits, Pellington donne à son conte une allure clinquante et aguicheuse. Basé sur l’esthétique du scopitone (le film a par ailleurs proposé un concours Myspace pour élire la meilleure chanson d'après le «pitch» du film), «Henry Poole is here» fait de la foi un gadget, une trace de rien, rien moins qu’une chiure sur le mur. De là, et Pellington réussit à le faire croire à son personnage désespéré, la foi s’expose comme une révélation manifestée par un simple signe. Exit les propos de Saint Thomas d’Aquin et les films de Rossellini, Pellington croit en Dieu et, pour lui, Dieu est en s’imposant ou n’est pas. Le ton mou du film, dû en grande partie à cause de la mièvrerie des sentiments et de l’expression funeste dont Luke Wilson ne démord pas, s’adjoint à une caricature de la foi religieuse. Et tout cela baigne dans un soleil somptueux, bassin idyllique pour que surgisse, par une divulgation médiocre, la volonté de Dieu.