Un secret, une tragédie, un poids familial. Trois générations. Un homme qui va permettre de les réunir. Voilà, en quelques mots, ce qu'est le scénario de "Les yeux de sa mère" (rarement le titre d'un film fut aussi peu pertinent). La volonté y est, la désir de vous émouvoir y est... et ça peut marcher, en partie. Seulement, si Thierry Kifla a dû ingurgiter beaucoup de films au temps où il était critique d'un magazine de cinéma réputé, il n'a pas su prendre assez de distance pour faire de son troisième long métrage un drame comme il le voulait... Vous marquer, vous faire pleurer, vous toucher. On sent que la volonté y est, que la forme y est, mais que le fond manque. Alors, "Les yeux de sa mère" reste un bon film qui peut heurter la sensibilité de certains, mais peut en barber d'autres. Les situations sont parfois trop poussées, les rebondissements maladroitement amenés... Si fait que le "fil rouge" du film n'est pas aussi accrocheur que Thierry Klifa l'aurait souhaité. C'est rageant. Reste le luxueux casting, entre une Catherine Deneuve impériale, une Géraldine Pailhas impeccable, un jean-Baptiste Lafarge dont je ne comprends toujours pas pourquoi il n'a pas eu ne serait-ce qu'une nomination au César du Meilleur Espoir, et Marina Foïs pleine de sobriété... On se console de voir de si grands comédiens donner corps à ce long métrage. Quant à Nicolas Duchauchelle, qui démontre tout le talent qu'il sait intérioriser, il peut bluffer mais le seul (gros) hic réside dans son articulation souvent inaudible (la scène dans l'appartement avec Karole Rocher par exemple)... C'est ça qui est aussi rageant. Il a tout d'un acteur de grand charisme, il m'a beaucoup touché dans "Les yeux de sa mère" et aussi dans "Comme des frères", mais il ne prend pas la peine d'articuler. Pourtant, il a une force de talent si bien intériorisée que ce serait dommage de ne pas mieux l'extérioriser.