"Les Yeux de sa mère" est l'exemple type du film que certains qualifieront de "français". Il répond à tous les critères du "genre". Casting 4 étoiles, réalisateur un brin littéraire (ancien journaliste de "Studio"), et surtout un scénario de film d'auteur mais pas trop quand même. Maria (Géraldine Pailhas), une danseuse étoile reconnue, est la fille de la présentatrice phare du 20 heures, Lena Weber (Catherine Deneuve), une sorte d'hybride entre Claire Chazal et PPDA. Mais leur lien n'est que génétique, car la mère n'a jamais eu beaucoup de temps pour sa fille, qui a finit par trouver en sa tante (Marisa Paredes), sa vraie mère. Mais Maria a reproduit un schéma proche de celui de sa mère. A 16 ans, pour ne pas freiner sa carrière de danseuse, elle décide de ne pas garder son enfant et de le faire adopter. Mais à la mort de son père, elle prend conscience de ce manque et décide de prendre contact avec son fils. Mathieu (Nicolas Duvauchelle), un auteur de biographies non autorisées, va infiltrer cette famille...
Si le scénario aborde assez habilement les relations mère-enfant, force est de constater qu'il ne recule devant aucun cliché du genre, et l'ennui nous guetterait presque, avant que le film ne nous embarque enfin dans un petit tourbillon d'émotions dans son dernier tiers. Ce revirement correspond aussi surement à celui du personnage de Nicolas Duvauchelle, qui est sans doute le plus intéressant, et impose son œil au spectateur. Personnage énigmatique, dont on sait finalement peu de chose, qui a surement choisi son métier comme rempart aux émotions, mais qui au final va se laisser emporter par celles-ci, et alors emporter le spectateur avec lui. La force du film est donc là, dans ses personnages et dans leurs interprètes. Nicolas Duvauchelle, d'abord, qui offre une de ses plus belles prestations, mystérieux, émouvant, touchant. Catherine Deneuve, Géraldine Pailhas et Marisa Paredes sont fidèles à elles-même avec des personnages taillés sur mesure. Dans des rôles malheureusement trop secondaires, Marina Foïs et Jean-Marc Barr sont étonnants de naturel et plus que touchants en parents confrontés à une situation qu'ils appréhendaient depuis longtemps. Et dans le rôle du fameux fils, un "petit" nouveau, Jean-Baptiste Lafarge, qui possède assez de charisme pour s'imposer face à de telles pointures. Une vraie révélation (César en vue ?) responsable des plus beaux moments d'émotion du film.
Si Thierry Klifa dirige admirablement ses acteurs, sa réalisation manque un peu de relief et une fois de plus n'échappe pas aux clichés du genre (ah les plans sur les répétitions de danse...), sauf dans l'inévitable scène de sexe, dont il ne filme que les visages, lui donnant ainsi toute sa signification. Mais rassurez-vous la scène de nu est bien présente un peu plus loin dans le film. Dans ce dédale de scènes classiques, on assiste quand même à de jolis moments (attention spoiler) comme lorsque JB Lafarge cherche à connaître sa mère via internet, ou lorsque Géraldine Pailhas découvre la photo de son fils sur son téléphone, ou encore la scène de karaoké, Deneuve face à l'accident de sa fille, Duvauchelle et Lafarge sur la plage... Dommage que tout le film ne soit pas à l'image de ces instants d'émotion.