Quand on regarde "Daybreakers", on passe par plusieurs états d’âme. D’abord l’ennui. Un ennui provoqué par plusieurs choses : d’abord rien de bien novateur dans le fil conducteur, c’est-à-dire l’éternel problème alimentaire des vampires une fois qu’ils ont pris le pouvoir ; puis les nombreuses longueurs ; ensuite le jeu d’acteur pas vraiment mis à son avantage ; et pour finir les incohérences. Et pourtant, la volonté de réinventer les films de vampire était bien réelle, mis en scène par un coup de théâtre pour le moins très inattendu. C’est dommage, une mise en scène plus musclée et une réalisation plus dynamique aurait donné un attrait supplémentaire à ce film, dont l’intérêt se situe de prime abord dans une distribution alléchante. Pensez donc : Ethan Hawke, Sam Neill, et Willem Dafoe, ce trio a de quoi titiller la curiosité du spectateur. Surtout qu’un quatrième larron vient compléter assez efficacement ce casting (en fait une larronne), j’ai nommé Claudia Karvan. Cette dernière parvient à tirer son épingle du jeu, tout comme Ethan Hawke. Mais ça reste insuffisant pour susciter un réel attachement du spectateur vis-à-vis de leurs personnages respectifs. Quant à Willem Dafoe, il est étrangement aux abonnés absents. Absolument rien ne ressort de son rôle. Pour ce qui est de Sam Neill, il réussit néanmoins à rendre ce directeur détestable, car plus enclin à dorer sa renommée et à s’enrichir que de s’embarrasser de l’éthique. En dehors de ça, il n’y a pas grand-chose à en tirer. C'est tout juste si ce long métrage ne vampirise pas le spectateur de sa patience ! Heureusement qu’il y a ce rebondissement qui va redonner au spectateur un intérêt (c’est le second état d’âme) qui va lui permettre de rallier le générique de fin sans trop d’encombres, car il sauve du naufrage un scénario bien mal parti en semblant s’enliser dans un pathos ennuyeux et étouffant que les frères Spierig ont essayé d’agrémenter par de belles images. Oui, l’image est soignée, en particulier sur les couleurs chatoyantes des crépuscules et des aurores. Une tentative de choquer le public réside aussi dans l’exploitation et le développement des ressources. Le fait est qu’on le remarque, mais ça ne scandalise pas plus que ça, pas comme il le faudrait en tout cas. Tout ça pour dire que la réalisation n’est pas suffisamment impliquée comme elle devrait l’être
, à plus forte raison quand l’humanité est menacée
. Et finalement, on se rend compte que les vampires et les humains, c’est le même combat, qu’il n’y en a pas un pour rattraper l’autre dans le sens que les deux sont capables du pire comme du meilleur. Mais voilà, c’est mou, c’est lent, et cet aspect moribond est soutenu par une musique qui se suspend souvent sur une seule et même note aux airs lancinants. A cela on rajoute quelques incohérences : je prendrai en exemple la poursuite engagée par les militaires à l’encontre du biologiste. Son véhicule se fait canarder par les blindés de tous les côtés, et outre le fait que bien peu de projectiles fassent mouche, soudainement les tirs s’arrêtent bien avant la fin de la course-poursuite. Pour faire bref, je terminerai par cette conclusion : "Daybreakers" méritait mieux.