Daybreakers ou la logique manichéenne à l'état pure...Dans un climat sombre et austère , lugubre et oppressant , l'homme , cet animal doué de raison , est devenu la proie d'une nouvelle espèce , le vampire ; le vampire , ayant accepté le destin funeste de sa misérable condition , ou de la perspective de la vie éternelle , vie en société , régit par des lois , dans une quête parcimonieuse...
Scénario original , prestation d'ensemble plus que correcte , photographie agréable , on se laisse peu à peu embarquer dans ce monde post-apocalyptique où aucune place pour l'homme n'est possible.
En le regardant , l'on peut s'apercevoir de deux concepts , l'un explicite , l'autre sous-jacent , qui en font un film assez rationnel et subversif.
Dans ce monde post-apocalyptique , régit par les vampires , donc , le vampire n' à que très peu de différence avec l'homme -sauf peut-être en matière de goûts culinaires... Sujet au vices les plus vils , il l' est particulièrement face à l'argent ; dans une logique capitaliste , le vampire , cupide et vénal , fait du sang , cette denrée rare , dont la disparition est imminente , une exploitation financière et commerciale outrageante , un consumérisme indicible , qui par analogie est la réplique exacte de ce que fait l'homme , dans son époque , avec le pétrole...Pénurie et dénuement , absence et disparition , du sang équivaut à la disparition du vampire tout comme la disparition du pétrole pour l'homme se réduit , tout simplement, au chaos.
L'image du richissime patron se permettant le luxe de boire du sang pur par opposition aux pauvres cantonnés et ingurgitant leur propre sang constitue un autre exemple de ce clivage riche/ pauvre...
Ce substitut que s"efforce à établir le vampire est établi dans un déni [de sa condition] et un humanisme criant ; lorsqu'il y parvient , il doit devenir ce sauveur inopiné...Mais , non , bien au contraire , au devant de sa volonté , contre son gré , il devient l' élément déclencheur de la fin de toute vie sur terre; une parfaite ironie du sort aux relents dantesques...Ou un hymne à la prophétie auto-destructrice. Le chapelet du champ sémantique de la destiné ; une destiné tellement plus forte...