A la base il y a Chuck Palahniuk, auteur acerbe d'une Amérique déjantée. Déjà adapté par David Fincher avec le cultissime "Fight Club" , l'auteur confirme son amitié avec le cinéma dans cette nouvelle adaptation d'une de ses nouvelles, "Choke". Mais toute la verve critique et provocante de ses mots est passée au mixeur des conventions statiques et ennuyeuses d'une Amérique décidemment fière quand elle se moque faussement d'elle-même. "Choke" parle de sexe, d'accros au sexe, ceux qui, au détour d'une rencontre, fantasment à n'en plus pouvoir, ceux qui, chaque jour, se sentent obligés en eux-même de tirer un coup, avec qui leur passe sous la main. Evidemment, si l'on intègre le récit dans les valeurs américaines d'aujourd'hui comme d'hier, le film aurait toutes les raisons de faire fureur (comme le livre). Mais non, sous prétexte d'un respect des traditions culturelles de base, le film enferme son potentiel ravageur dans un théâtre sans émotion, ridiculement dénué de sens comme d'interêt, réduisant le principal contenu (le sexe et la vieillesse) à un sous-texte à peine étudié. Alors les scènes de sexe se doivent d'être limitées au maximum à cinq secondes, sinon le film serait trop 'vulgaire' . La boucherie séduisante des mots de Palahniuk, victime d'un étroit conformisme et d'une illustration pesante, se transforme alors en une syntaxe cinématographique désincarnée, de mots soudainement devenus plats et incrustés dans une image sans volonté, une mise en scène inexistante et un scénario d'une rare médiocrité. En effet la construction, loin d'être inventive, s'entête à raconter la jeunesse de ce bouffon du sexe (passé qu'il faudrait prendre comme la raison de son obsession sexuelle?), voyageant de part et d'autres de l'Amérique avec sa mère. Le film est boursouflé de ces flashs-backs agaçants et crémeux, tout aussi inintéressants dans leur rythme que le reste du film. Et "Choke" aboutit, après quelques baisades pudiques et jamais révélatrices des maux d'une société rang