Au rayon des personnages les plus barrés vus sur grand écran ces dernières années,Victor Mancini est sans conteste en tête de gondole : obsédé sexuel, cet employé d’un parc d’attractions historiques aime aussi faire semblant de s’étouffer au restaurant, de façon à se faire payer l’addition par une âme charitable (et riche de préférence). Sachant cela, le choix de Sam Rockwell pour l’incarner sonne comme une évidence, tant il s’est fréquemment illustré dans des rôles déjantés (“Confessions d’un homme dangereux”, “Les Associés”…). Excellent, une fois encore, le comédien porte sur ses épaules un film que l’on aurait souhaité un poil moins sage : adapté d’un roman de Chuck Palahniuk, le long métrage de Clark Gregg est, certes, drôle ou délirant, mais manque d’un petit grain de folie qui l’aurait amené au niveau de “Fight Club”, précédente adaptation d’un roman de l’écrivain. Et pourtant, ce ne sont pas les situations mises en scène qui manquent dans “Choke”, entre les numéros de suffocation plus vrais que nature de Victor, les scènes à son travail, un rendez-vous qui manque de peu de virer au sordide, ou le moment au cours duquel, tombé sur le journal intime de sa mère, il se rend compte qu’il est peut-être le nouveau Messie. Des passages qui n’en restent pas moins amusants, et vont très bien avec les moments un peu plus tendres, voire romantiques (si si !) d’un film qui passe la sexualité, la religion, l’éducation ou l’identité à la moulinette satirique, sans pour autant se révéler être le choc attendu. À éviter ? Absolument pas, puisque “Choke” n’en demeure pas moins très plaisant, et parvient à se situer au-dessus de la majorité des films sortis début 2009.