Un semblant de sentiment honteux… dire que j’ai pu apprécier ce film durant ma jeunesse me laisse pantois pour ainsi dire, car si l’on peut convenir que l’on tient là un film follement divertissant, ceci n’est pas positif, bien au contraire. Trop de folie tue la folie dirons-nous, et le trop-plein de burlesque qu’accumule sans discontinuer B. Forever (je préfère taire le B.) est complètement rédhibitoire ; on comprend donc bien assez tôt que ce bazar fluorescent va nous assommer de bout en long, et l’on aimerait bien qu’il en soit ainsi au sens propre du terme. Malheureusement, conscience cinéphile oblige, on prend finalement sur soi et l’on assiste à la totalité de ce foirage complet qu’est-ce bien piètre film de J. Schumacher, qui vient là saborder le beau parcours de Batman au cinéma ; un résultat donc bien en deçà du travail précédemment réalisé par Tim Burton, et l’on peut se mordre les doigts que celui-ci n’ait pas obtenu de la Warner de pouvoir piloter un troisième film. Mais tentons à présent de synthétiser de façon plus approfondi ce qu’est au juste B. Forever : et autant commencer par les points positifs, si l’on trouve quelque chose dans ce genre-là à se mettre sous la dent… Eh bien non, rien de bien notable, si ce n’est peut-être Chris O’Donnell et son Dick Grayson somme toute sympathique, car pas aussi effroyable que ses comparses en termes d’interprétations et de personnages ; voilà ! Ceci étant dit, on peut débuter la partie navet par ce qui saute le premier aux yeux, à savoir la paire Double-Face / Homme Mystère, ou autrement dit un massacre sans nom de ces deux super-vilains renommés du comics. En fait, on a plus l’impression d’observer un Tommy Lee Jones (qui cabotine à n’en plus finir) / Harvey Dent Jokerifié, dont les principales caractéristiques originelles sont noyées dans un flot de rires tonitruants et de répliques insipides, tandis que Jim Carrey joue… son propre rôle ; entendons donc par-là que ce dernier s’est pour ainsi dire un peu trop approprié le personnage, autrement l’interprétation en elle-même n’est guère surprenante de sa part. Et pour s’opposer à ce duo agaçant comme pas deux, J. Schumacher et ses comparses n’ont pas trouvé mieux que… Val Kilmer, dans le rôle central de Bruce Wayne. D’accord, celui-ci avait déjà fait ses preuves, mais quand bien même, il est blond… Blond ! Et comme si cela ne suffisait pas, bien que se fendant d’une interprétation pas si catastrophique, ce dernier est clairement desservi par une atmosphère surchargée de ridiculeries (excusez le barbarisme), avec entre autre une mise en scène approximative et des dialogues bien peu inspirés. Bref, rien à sauver de ce côté-là, et même le grand Michael Gough parait bien pâle pour apporter un peu de réconfort au milieu de ce chaos général (d’autant que ce cher Alfred se décrédibilise au gré d’un faux raccord embarrassant), tandis qu’une Nicole Kidman apparait comme irréaliste, tant son personnage semble provenir tout droit d’une production douteuse (pornographique au vu des propos équivoques…). Sinon, visuellement ce long-métrage est une purge comme j’en ai rarement vu, entre les vues d’un Gotham enlaidie en images de synthèse, des décors plus que moyens et comme déjà dit des couleurs ambiantes un peu trop… flashy ; même la Batmobile déçoit, car malgré un premier ressenti satisfait, on déchante bien assez vite à la vue de tout ce bleu incandescent et de cet aileron plastifié. Enfin, pas la peine de revenir sur l’intrigue au suspens inexistant et péripéties insipides, à un tel point que la naissance de Robin (j’en reviens à Chris O’Donnell) soit l’élément scénaristique le plus abouti, malgré un ensemble franchement moyen. En résumé si J. Schumacher avait voulu réaliser un volet parodique des aventures de Batman, le résultat n’aurait pas été très différent ; un navet navrant au possible donc, et je redoute le (re)visionnage de Batman et Robin…