Bon, Batman Forever n’est certainement pas le meilleur des Batman, mais enfin on est quand même nettement au-dessus du Batman et Robin du même Joel Schumacher. Même si des défauts de ce dernier sont déjà perceptibles dans cet épisode.
Au casting Val Kilmer n’est pas un mauvais Batman. Un peu tiédasse, il ne donne pas toujours le sentiment d’être très à l’aise, mais enfin il ne s’en sort pas si mal que cela, et en tout cas convainc en Batman à défaut d’être un Bruce Wayne toujours à la hauteur. Face à lui des méchants campés par deux acteurs très cabotins. Tommy Lee Jones, c’est assez surprenant de sa part, campe un Double Face correct, mais lui, tout comme Jim Carrey en font un peu beaucoup. Certes rien à voir avec Schwarzie et Thurman dans Batman et Robin, mais enfin bon, parfois on dirait plus des clowns qu’autre chose, et on ne peut pas dire que ce soit d’un effet tonitruant. Au milieu de tout cela on a Nicole Kidman, qui joue l’atout charme mais n’est pas très bien utilisé. Les deux bonnes surprises viennent d’un Chris O’Donnell moins adolescent attardé que dans Batman et Robin et avec un peu plus de relief, et un Michael Gough toujours à l’aise.
Le scénario souffre d’hésiter un peu trop entre la parodie et le sérieux. Clairement le film aurait dû afficher plus nettement son orientation, mais bon, Batman Forever arrive à garder un certain sérieux qui lui permet d’avoir un peu plus de profondeur que Batman et Robin. Si les séquences émotions n’ont pas la puissance que l’on pourrait espérer, elles sont là quand même, c’est déjà cela, et le rythme du film est solide. Les 2 heures passent agréablement, et la narration bien que pas toujours très fluide (et le début un peu chaotique le laisse entrevoir) reste suffisante pour ne pas sembler trop abrupte.
Visuellement Batman Forever laisse entrevoir l’esthétique de Batman et Robin, mais en moins grandiloquent. Schumacher assure une mise en scène plus mature, moins piqué de cadrages ridicules comme il en a bourré son Batman et Robin, et il a un certain sens du spectacle, ce qui rend les scènes d’action digeste, malgré quelques tentations à la limite du cartoon pas toujours bien vu. Pour le reste le film est quand même moins kitsch que son suiveur, avec des décors de bonnes factures et même si les éclairages et les lumières font bizarres, on reste sur de l’acceptable. Quant aux effets spéciaux ben il n’y a pas grand-chose à redire vu l’âge du film, on sent quand même que le budget a plutôt bien été utilisé et c’est plutôt convaincant. Enfin la bande son est un bon point quand même, il faut le dire.
Bon, en somme Batman Forever est un film appréciable. Maintenant en relisant ma critique, je me rends compte qu’elle reflète un point très perceptible du film de Schumacher : sans réel écueil comme son suiveur, Batman et Robin, ce film n’a pas non plus de très bons points sur lesquels s’appuyer. S’il rien n’est vraiment loupé, rien n’est transcendant non plus, le film étant tout de même très lisse, et sans une tonalité saisissable. Il faut le dire, voir un moment totalement potache (notamment celui où Robin se la pète) alterner avec un moment qui se veut sérieux (comme la mort d’un personnage innocent) cela surprend assez et déconcerte, surtout qu’on n’est pas dans un Rodriguez ici. Enfin, je donne 3, et il faut voir se métrage comme une étude préparatoire à Batman et Robin, c’est-à-dire ce film mais où toute les aspérités prennent une ampleur sans précédent.