Lors de la scène de l'hôtel, où l'on voit Cherry Pie Picache arpenter le couloir avant d'accéder à la réception, Brillante Mendoza avoue avoir connu quelques difficultés: "J'ai eu beaucoup de mal à obtenir l'autorisation de tourner dans un hôtel, et plus encore d'utiliser des militaires, car les pouvoirs publics ne veulent pas donner des Philippines l'image d'un pays dangereux ou obsédé par la sécurité. Il m'a fallu au moins trois semaines pour trouver l'hôtel où nous avons finalement tourné et encore, j'ai eu la chance que le patron de l'établissement aime mes films ! Malgré cela, nous n'avons pas pu répéter dans l'hôtel, et nous avons dû nous contenter de mon bureau".
Avec John John, Brillante Mendoza souhaitait porter un regard réaliste sur l'adoption aux Philippines. "[Le phénomène] est apparu au début des années 80, mais il n'a jamais particulièrement intéressé les pouvoirs publics. Le plus frappant, c'est que les institutions en charge de l'adoption confient les enfants abandonnés aux familles les plus pauvres. En me documentant, j'ai compris que dans ces foyers au mode de vie traditionnel, il y a toujours au moins un membre de la famille - la mère ou la grand-mère le plus souvent - qui reste à la maison en permanence. A l'inverse, dans les classes moyennes, les deux parents travaillent pendant la journée. "La qualité de l'ambiance familiale est donc le tout premier" critère pour devenir "famille adoptive" aux yeux des institutions. Bien qu'elles n'aient presque aucune ressource, ces familles s'occupent de ces enfants "en transit" exactement comme s'ils étaient les leurs" explique-t'il.
Ce sont Robbie Tan et Ralson Jover, producteur et scénariste de John John, qui ont souhaité travailler avec Brillante Mendoza. Frappés par un documentaire sur l'adoption aux Philippines, ils ont convaincu le réalisateur, lui même père adoptif et croisé sur le tournage du documentaire Manoro, de prendre part au projet.