Derniers Avis : John-John - Page 2

A la fois une histoire simple racontée de façon neutre, caméra à l'épaule au plus près des êtres bien vivants qui peuplent ce récit, et une ouverture sur de multiples réflexions -et espoirs - politiques. Une approche subtile du sujet, tenue avec discipline tout au long du film par des acteurs et un réalisateur qui baignent pourtant dans le pathos ambiant de la production philippine. Pour moi, ce film était infaisable aux Philippines, et à la lecture du générique c'est bien vrai; ils l'ont bien fait... Quel plaisir. Loin de l'émotion, qui n'est pas recherchée ici, la caméra met tout d'abord en lumière la valeur suprême accordée à la vie humaine par les philippins - tout enfant abandonné est pris en charge et entouré de vraie affection, ce qui est tout de même un mode de civilisation très évolué sur le plan social alors que le décor sous-tend le plus bas niveau économique. Premier paradoxe. La question économique n'est introduite que tardivement dans l'histoire, alors on réalise qu'il y a salaire, et que ce salaire provient de l'extérieur, du monde occidental, via une femme intermédiaire qui connaît les codes du client. Le cycle marchand est refermé, et les enfants qui ont reçu le meilleur du fond du coeur des mères philippines s'en iront... Ceux qui restent, comme les enfants biologiques de la mère adoptive professionnelle, se contentent d'une vague indifférence soulignée ici avec finesse: la molle réprimande de la mère quand il s'agit d'envoyer son fils à l'école ou la scène finale de jalousie mère-fils. Aux Philippines, l'avenir est "overseas". Ce peuple magnifique de bonté semble condamné à reproduire le schéma (adoubé par le pouvoir) qui allie une très haute idée de l'humain et du lien social à une irresponsabilité totale quand il s'agit de préparer l'avenir de ses enfants si ce n'est celui du travail "overseas".

Comment ne pas être touché par ce film qui présente un pays extraordinaire (pour ceux qui le connaissent un peu) ? On pourrait comparer l'histoire à ce qui se passe en France avec des familles qui accueillent des enfants de la DASS. Le film propose quelque chose de différent car il montre que malgré l'extrême pauvreté, des gens accueillent pendant plusieurs années un enfant qu'ils verront partir à un moment ou un autre.
Le film est tourné à la manière d'un documentaire, caméra à l'épaule, avec parfois des travellings un peu longs ce qui nous oblige à suivre le dernier jour entre une femme et le jeune enfant qu'elle va confier à une famille adoptante. Le réalisateur nous montre également les inégalités sociales qui existent dans ce pays.
Un film qu'il faut voir simplement pour découvrir, en parti, ce que sont aussi les Philippines.

Quelque part entre les Dardenne et Rossellini, ce film révèle un nouveau cinéaste asiatique. Dans un style documentaire, évitant les pièges du pathos et de la fausse sobriété académique, il nous livre à fois un beau portrait de femme, une critique sociale et un récit de l'enfance poignant.

Film sensible, extrêmement doux, et à la fois un constat terrible: comment un pays se sépare de ses enfants.
Film à voir cette semaine.

"John-John" est un film de fiction qui raconte une journée particulière dans la vie d'une famille de Manille aux Philippines. "John-John" est un enfant destiné à l'adoption qu'une femme, Thelma, dont c'est pratiquement la profession, a recueilli pendant plusieurs mois dans sa famille auprès de ses propres enfants et qu'elle va amener auprès de la famille américaine qui va l'adopter définitivement. Le réalisateur, dont c'est le 2ème long métrage, est lui-même le père d'un enfant adopté et on sent que ce sujet lui tient à coeur. Le début est excellent : lors du générique, on voit au loin des gratte-ciels se découpant sur un ciel serein. Lorsque le générique se termine, la caméra descend et on commence à voir, de plus en plus, le bidonville dans lequel le film va se passer pour sa plus grande partie. La suite se rapproche souvent d'un documentaire. A 10 000 km de distance, on est très près de l'univers des frères Dardenne, avec beaucoup de séquences tournées caméra à l'épaule. J'adore le cinéma des frères Dardenne, mais ici, pour une raison que je ne saurais expliquer, ce film ne m'a pratiquement jamais accroché et, dois-je l'avouer, c'est à peine s'il m'a ému !