Michael Mann possède une cote élevée auprès des critiques, sans doute exagérée. Si "Collateral", en 2004, était passable, son adaptation au cinéma du feuilleton télévisé "Miami vice", en 2006, était calamiteuse. Tout compte fait, je n’ai guère apprécié que son "Manhunter", en 1986, qui bénéficiait d’un bon roman comme point de départ, mais fut rebaptisé en France "Sixième sens", ce qui s’avéra malencontreux, puisque un autre film avec Bruce Willis devait ensuite adopter le même titre. À ma connaissance, le présent film est au moins le troisième sur le gangster Dillinger, et sans doute pas le meilleur. Les deux vedettes, Christian Bale et Johnny Depp, n’ont ensemble qu’une courte scène, ce qui est frustrant pour le spectateur qui s’attend peut-être à de beaux affrontements de comédiens. Non, rien. Marion Cotillard joue la nana de service, et les scènes de fusillade sont interminables, sans doute destinées à montrer ce que le réalisateur peut faire, ce qui est parfaitement vain, puisque l’histoire se réduit à l’affrontement contumier du policier contre l’affreux bandit. Le spectateur ne sort de sa torpeur que lors d’une scène curieuse et certainement inventée, lorsque Dillinger, grimé, s’introduit sans aucune raison dans le commissariat où est logée la section spéciale du FBI qui le traque, et s’y ballade tranquillement, car tous les inspecteurs sont partis... lui tendre une embuscade ! Et si, au lieu de refaire sans cesse des films au style immuable sur des gansters, on en réalisait un, enfin, sur J. Edgar Hoover, le patron du FBI (qu’on voit dans celui-ci), surnommé naguère "Le plus grand ripou d’Amérique" par un documentaire télévisé ? Les "valeurs des États-Unis" défendues par un type corrompu jusqu’à la moelle, voilà un sujet de film ! Alors qu’actuellement, on a plutôt l’impression que la grève des scénaristes n’a jamais cessé...