Ah, les Etats-Unis et leurs films de gangsters, toute une histoire... Si les années 30 ont donné naissance à une série de productions certes inégales mais ô combien passionnantes du fait de leur réalisme et de leur côté instantané (je pense au "Public Enemy" justement de Wellman, à "L'Ennemi Public numéro 1" avec Gable cité dans le film, au "Scarface" de Hawks, à certains réalisations de Raoul Walsh...), la suite ne vit malheureusement pas un renouvellement des conventions (le schéma-type est toujours resté le même) malgré quelques coups d'éclats à l'époque du nouvel Hollywood des années 70 et les oeuvres de Penn, Scorsese, Coppola ou bien encore De Palma. Aujourd'hui, le cinéma outre-Atlantique est tout ce qu'il y a de plus lisse et puritain ; le profit est un mot sacré, la prise de risque est inexistante. C'est ainsi que les dernières réussites "gangstériennes" nous proviennent du Danemark (les films de Nicolas Winding Refn), d'Italie (cf Placido, Soavi ou Tullio Giordana), d'Asie (Kitano, To), d'Amérique du Sud (Caetano, Maille)... Contexte économico-social propice ou style décalé ont effectivement pimenté ces créations... Michael Mann, c'est le classicisme à l'extrême. Rien de neuf, tout est calculé, millimétré, conçu pour plaire au plus grand nombre. Des stars, de l'action, des rebondissements, un rythme haletant, des effets de style à la mode... Et puis une utilisation de la haute définition pas si originale que ça pour un blockbuster (de plus, son précédent opus, "Miami Vice", assez ridicule par bien des aspects possédait au moins quelque chose auquel on pouvait se rattacher avec son image graineuse alors qu'ici, le travail effectué autour de la technologie numérique s'apparente en fait à l'avènement définitif d'un outil de substitution simplement plus rentable économiquement) qui fera pourtant bander les critiques dans le coup. Bon, ça reste plaisant car bien foutu et sans temps mort, même si ça ne casse pas trois pattes à un canard. Divertissant.