La grande force et le capital sympathie indéniable de Roschdy, c'est qu'il joue beaucoup de sémites sans confinement, même un juif dans « Va, vis et deviens », mais qu'il choisit ses rôles pour ne jamais passer pour le mauvais arabe. Et sa vie personnelle semble en accord puisque les médias n'ont pas grand scandale à se mettre sous la dent.
Et pourtant, sa gueule n'était pas l'atout majeur, tellement il semble une brute épaisse quand il essaye de froncer ses sourcils malgré son front épais. Le talent mis à part, on pense souvent à Michel Constantin, mais heureusement, il joue plus naturellement, sinon juste.
Ici, le scénario lui donne sur un plateau le rôle du gentil, infiltré pour le compte de la police dans une bande de narco traficants spécialisés dans les Go Fast. Qui dit trafic de stupéfiants dans des grosses voitures dit action et cascades... Bah oui, mais non. Une cascade à la fin, quelques poursuites que même moi je fais pareil en moto quand j'en ai marre des mecs qui essayent de me dépasser alors que je suis arrivé deux fois plus vite qu'eux. Ce n'est pas filmé à l'américaine, pas de coupures intempestives, de caméra tremblée. Le réalisateur respecte les yeux du spectateur, l'action est fluide, les vues d'hélicoptères sur les autoroutes sont sympathiques. Mais on reste sur sa faim, surtout que la vitesse démoniaque n'est pas vraiment présente, tandis que le film s'arrête net alors qu'on commençait juste à s'échauffer. En un mot comme en cent, c'est un demi-échec. Mais il reste de bonnes choses qui sauve ce qui aurait pu être un génial « Transporteur » réaliste.
Quel virage à 180° pour les productions Besson. Tout d'un coup les méchants sont de vrais cons désagréables, tandis que la police est organisée, efficace sauf quand elle tombe dans des traquenards, et montrée en héroïne (je parle de l'adjectif bien sûr). Que se passe t'il dans les milieux bo-bessonniens, aurait-on braqué son Cayenne dans le 93 ? On ne saura jamais, mais les productions Europa seront moins populaires désormais pour la racaille des cités, et c'est un plaisir après le facho « Taken » de trouver le juste milieu du film d'action qui dénonce le crime et laisse un peu de répit à l'autorité tout en respectant son professionnalisme en dehors des bavures xénophobes.
Contrairement aux critiques, il n'y a pas de côté documentaire, juste une mise en rythme assez correcte, bien que lente, du travail d'infiltration et de la maîtrise de soi nécessaire pour ne pas descendre tous les salauds le premier jour. Par contre, cette organisation mafieuse aux portes de Paris fait froid dans le dos, autant que les târés qui s'amusent en BMW ou Audi sur nos belles routes pour convoyer leur shit.
Dommage que Bibi Naceri n'ait pas un rôle plus intéressant, mais il faut dire qu'il avait sans doute fort à faire pour les dialogues. Et c'est tout un symbole qu'on donne enfin leur chance aux arabes qui rentrent dans le moule au lieu de faire mousser les autres qui foutent la merde, son frère en particulier ! Enfin une histoire qui finit bien.