Paysage ensoleillé, enfants rois, humours ostensibles, rédemption. En quelques mots, nous nous situons naturellement aux Etats-Unis. «Wild Child» (USA, 2008) de Nick Moore resitue une fille de riche californien dans un pensionnat britannique, aussi strict et astreignant que peut le concevoir l'imaginaire hollywoodien. L'évolution du film -puisque toute oeuvre cinématographique doit tracer la mutation d'un évènement, d'un corps ou d'un personnage- est des plus convenus. La jeune fille insolente se mue progressivement en adolescente assagie. Nick Moore, connu en tant que monteur, prend pour premier long-métrage une oeuvre balisée, consommable, si peu intéressante qu'elle est sortie directement en DVD en France. La vivacité apparente de son style, qui en passe par une exubérance des comportements et des accoutrements, étouffe le film sous un amoncellement d'artifice. «Wild Child» porte sur l'adolescence et la jeunesse, paraît-il. Si un certain public peut se satisfaire d'un tel produit ce n'est pas en tant qu'oeuvre cinématographique mais comme divertissement ou comme moyen de s'échapper à la brutale réalité. Moore répand le modèle d'un monde idyllique où les agissements se déploient d'eux-mêmes, où la petite bêtise bourgeoisie, en fin de compte, s'inclut au monde, non pas tant en se défaisant de ses défauts qu'en soumettant le réel à son image. La petite enfant gâtée ne guérit pas sa chienlit, elle la transmet à tout le monde. Ainsi ses camarades de classe, ternes filles de petits nobles anglais, deviennent de véritables wild children, tout cela dans la joie et la bonne humeur. Comble du film commercial, dans tout ce qu'il a de plus dégradant pour l'imaginaire, «Wild Child» n'a rien à voir avec le cinéma. Ni même avec la culture, ni même avec le divertissement. Avec l'abêtissement peut-être. Mon jugement est absolu puisque «Wild Child» n'est pas seul dans son cas. Il est le vecteur, pleinement conscient, d'une certaine culture dont Paris Hilton est le chantre.