Et si, pour une fois, nous mettions l'aspect critique de côté, le temps de repenser et d'halluciner sur le dernier objet filmique de Scorsese? "Shine a light", - comme la chanson - , est un concert filmé des Rolling Stones. A peine entrecoupée d'archives, cette grande fresque pas comme les autres n'est ni instructive, ni intéressante. Autant le dire tout de suite, mieux vaut être fan des Stones avant de rentrer dans la salle, ou du moins s'armer d'une tolérance musicale carburant à 200% pour les plus grincheux. A vrai dire, passée la barrière, il y a deux choses qui font que "Shine a light" et immanquable : premièrement, la qualité du concert, emporté par un Mick Jagger monstrueusement physique, un Keith Richards marchant à gros sabots dans son statut de mythe, un Ron Wood en pleine jouissance et un Charlie Watts fantômatique, évadé, dont seul la rythmique d'une précision incroyable le rattache à la réalité. L'intelligence de la programmation, liée à une ambiance de feu d'où émergent quelques morceaux de bravoures, font de ce concert un des nombreux piédestaux de la carrière des Stones. Furie rime avec énergie, et Mick, plus que tout autre, gérant à merveille le contact au public et jouant admirablement de la fusion entre voix et corps, tel une onde sismique, envoie des tremblements de terre sur toute la salle, éveillant en nous de purs frissons de cinéma et de musique, transmis avec génie dans le public présent lors du 'live' , dont la caméra arrive à saisir en moins de deux secondes l'absolu plaisir qui leur est procuré. La deuxième raison de voir "Shine a light" se compose en deux points : l'un est qu'il s'agit d'une oeuvre-clé en ce qu'il offre au spectateur dans son rapport direct à la musique. Scorsese, par parti pris, décide de ne faire que filmer, de manière à ce que son film ressemble à un thriller. Mouvement, silence, lumières, regards, sentiments... les 16 caméras tournoyant autour de ces artistes hors du commun parviennent à restituer, avec l'aide d'un m