Scorsese a un long passé rock&roll. Il a bien sûr réalisé No direction home : Bob Dylan il y a trois ans, et également The last waltz en 76, il a en outre produit Grace of my heart, La route de Memphis et Lightning in a bottle, mais il est surtout responsable de l’admirable montage, nerveux à souhait et d’une virtuosité rare à l’époque, du Woodstck de Michael Wadleigh.
Aussi, c’est avec une pointe d’amertume que l’on doit le constater : Marty vient de nous pondre un bon film. Seulement bon. Il touche pourtant parfois à l’excellence, notamment dans les premières minutes où l’on retrouve la structure de Woodstock : alternance entre reportage et concert, making of du film comme du concert en parallèle. Mais après cette introduction toute en vista, où l’on découvre un groupe toujours aussi joueur qui attend la toute dernière seconde pour faire passer au réalisateur l’ordre des morceaux (« Il faut que je sache par quoi vous commencez. Si c’est un riff de guitare, il faut que je sache qui le fait, d’habitude c’est Keith, mais je dois savoir et si c’est Mick qui chante il faut que j’aie trois ou quatre caméras sur lui… »), le film s’endort légèrement en se rapprochant un peu trop du simple concert filmé — certes avec brio, certes avec une photo impeccable, mais juste filmé.
Bien sûr, on se régale du numéro des Stones, et en particulier des deux derniers guitar-heroes survivants : Keith et Ronnie, qui s’observent et s’écoutent pendant deux heures, donnant sérieusement l’impression de deux sales gosses qui font un concours et, en même temps, dont chacun laisse l’autre faire son numéro. Keith vole franchement la vedette à Mick de temps en temps et, à propos, ce dernier est un peu ailleurs : c’est vraiment le duo des guitaristes qui fait œuvre commune, tandis que Mick est toujours un peu à part, devant ou à côté, et que Charlie se planque sans arriver à se faire oublier — il faut dire qu’il est le seul du groupe à avoir l’air à peu près équilibré.
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