Vous êtes héritiers potentiels d'une villa située en bord de mer. Après la mort pas vraiment accidentelle de sa propriétaire, vous voilà donc en lice pour la succession. Que faire ? Aller chez le notaire, et causer data temporis et codicille suspensionné ? Que nenni ! Massacrer les autres héritiers, c'est bien plus simple !
Je dois avouer qu'il m'aura fallu 3 visionnages (!) de "La Baie Sanglante" (connu également sous d'innombrables titres anglais et italien) pour commencer à l'apprécier... sans pour autant le considérer comme un vrai bon film. Ce sera peut-être pour le 4ème visionnage ?
Initialement je n'y ai vu qu'un vile slasher maladroit et mal fichu. Depuis, j'ai eu l'occasion de voir une dizaine de films de Mario Bava, et de (re)voir une grosse quarantaine de gialli, de quoi le resituer.
Impossible toutefois de gommer ses défauts. Des dialogues de bas étage, des acteurs moyen. Et l'on sent l'écriture opportuniste, où l'objectif était d'enquiller les meurtres, au mépris d'une cohérence narrative. Ainsi, les interactions entre personnages sont très artificielles, jusqu'à certains qui débarquent dans le récit purement pour servir de chair à couteau (les étudiants, sortis de nul part).
On ressent également le budget très faible. Si Mario Bava livre une photographie correcte pour les intérieurs, usant même de grands angles à l'occasion et d'ombres inquiétantes, pour les extérieurs c'est plus compliqué. Pour cause, la forêt où se déroule une grosse partie de l'histoire n'existait pas, ils ont du faire ce qu'ils pouvaient avec quelques arbres et des branchettes achetées chez un fleuriste !
La mise en scène en devient très contrainte et cela s'en ressent. La conséquence immédiate c'est qu'au lieu de pouvoir changer de plan, Bava passe son temps à enchaîner les zooms/dézooms, ce qui devient vite ridicule une fois qu'on a compris le truc.
Restent évidemment les fameux trucages de Carlo Rambaldi. Avec des séquences gore très convaincantes. Dont plusieurs seront repompées par les Américains, lorsqu'ils s'inspireront du giallo, et de ce film en particulier, pour créer le slasher. En tête, la célèbre scène du couple au lit.
Enfin, il y a le scénario, misanthrope et nihiliste. Dans cette histoire, aucun personnage n'a une once de bonté ou de vertu. Ce sont tous des pourris, qui courent après l'héritage. Difficile donc de s'attacher à eux... mais c'est finalement dans la tradition du giallo où des bourgeois vicieux s'échangent des coups fourrés (ou plutôt hachés ici...). Si l'on se met dans la bonne ambiance, ces règlements de compte peuvent devenir amusants. Jusqu'à un final inattendu et très cynique, avec une musique en décalage total avec la conclusion !