Ce film débute comme une sorte de comédie et il fait sourire mais, de touche en touche, le drame affleure et, derrière la fausse banalité, la violence s'épaissit. Il m'a fait penser à une autre production de 2007, Le Dernier des Fous de Laurent Achard, bien que l'équipe diffère entièrement: même type de cadre champêtre, même étrangeté de personnages, des fêlures, un choix pour la crudité et de beaux plans fixes d'atmosphère, etc. Avec un budget aussi dérisoire, il en a fallu de la volonté et de l'enthousiasme pour parvenir à faire de cette histoire psychologique une telle réussite. Elle est portée par un trio de comédiens principaux justes et sans prétention: Florian Frin (voir ses pages myspace/facebook), dont le premier rôle (un post-ado dérangé) n'est pas évident, Marie Le Cam, rayonnante dans ce rôle principal qui la sort du petit écran, et un Jean-Marc Le Bars (et non Barr...) crédible, issu aussi de la téle (il a tourné avec Philippe Monnier... même nom de famille). Avec Christian Monnier, on sent la patte du photographe ; si on a de très belles vues, par contre la mise en scène manque de relief et de dynamisme mais, vu les maigres moyens, c'est compréhensible. Le film se focalise sur une maison, comme mutique, à moitié isolée, à moitié "animale" (ferme), à moitié suffocante, comme ses occupants. Le personnage de Michèle (Marie Le Cam), auxiliaire de vie enjouée, se fait à la fois... trouer (yin), troue une barrière opaque (passage) avant de sombrer à travers le trou (yang)... Croisement fatal dans l'espace arasé. L'un a son sexe, l'autre son fusil. Caché, dévoilé... révélations: ce qui semble illogique devient logique. Fêlure de l'arbre coupé - sous les sillons du même disque, le sang... Un petit film psychologique audacieux, pas non plus sensationnel mais très bon vu ses moyens. Bravo.