Une fois le visionnage d'"El orfanato" terminé, on comprend aisément pourquoi Del Toro en est le producteur. En effet, tout dans l'oeuvre de Bayona nous rappelle le cinéaste mexicain et ses motifs récurrents. Et il faut avouer que j'avais peur de me retrouver face à un sous Del Toro. Et c'est plus ou moins le cas.
Le film raconte un mère, forte et courageuse, cherchant à retrouver son fils disparu, tout en faisant face à des esprits aux intentions floues. Et, au vu de ce résumé, le problème majeur du long-métrage est évident : son manque d'audace. Cependant, derrière la fadeur problématique du récit, se trouve tout un propos sur le deuil qui se révèle intelligent mais peine malheureusement, bien que le film y parvienne, à émouvoir. Les enjeux émotionnelles et horrifique du long-métrage sont en effet grandement diminués, par le manque d'originalité du traitement des personnages tout d'abord, mais aussi car aucun d'entre eux ne nous est sympathique. Le récit, et tout ce qui en découle, est lancé sans se baser sur une base concrète, le tout est donc plus efficace mais peu empathique.
De plus, le long-métrage cherche coûte que coûte à développer un aspect horrifique, qui est, très mal maitrisé déjà, mais parasite en plus toutes les scènes touchantes. En quoi tout ces jump-scare sont pertinents ? Le pire étant celui après l'accident de voiture, qui donne plus envie de hurler sur les long-métrage que d'éprouver la moindre frayeur à son égard tant il est prévisible et ridicule. C'est déprimant de voir une oeuvre qui pourrait être forte, sombrer dans les poncifs d'un genre en perdition, surtout que, et ce sera mon point suivant, Bayona sait mettre en scène, l'horreur comprit.
Il suffit de voir ce 1, 2, 3, soleil en plan-séquence, instant de tension glaçant tout en étant formellement génial. Et de manière plus générale, "El orfanato" est d'une beauté plastique indéniable. La photographie, un peu morne, et la mise en scène manque, encore une fois, d'audace visuelle, mais c'est d'un élégance frappante.
Tout le problème de cet hybride entre "Les autres" et "Le labyrinthe de Pan" est là, son manque d'audace. Car, jump-scare, mit à part, le long-métrage de Bayona est tout sauf désagréable. Le tout est assez intelligent et plastiquement réussi pour mériter le visionnage mais ses problèmes narratifs, son manque d'audace et ses instants horrifiques parfois risibles empêchent ce premier film d'atteindre la qualité de ses modèles, car il n'a ni le visuel sidérant de beauté d'un Del Toro, ni la mise en scène tétanisante d'un Amenábar.