Ici les raclures, tueurs et violeurs de la pire espèce sont loués et respectés pour leur tableau de chasse, se distinguent dans l’arène pensée comme mise en abyme de la lutte des classes au sein d’une dystopie aux échos contemporains, ici les forces de l’ordre sont plus brutales encore que les détenus, martyrisent sans raison, déshumanisent les monstres. Car il manque fondamentale deux choses à Course à la mort : la conscience du décalage narratif qui fonctionne si bien dans le cinéma de Rob Zombie par exemple et qui prend le parti, consciemment donc, de suivre des antihéros ; l’intelligence du propos qui nous dirait quelque chose sur le rapport fétichiste entretenu par l’homme à la voiture, instrument de virilité subitement changé en mécanique de mort, également sur le circuit comme lieu cathartique où se déchaîneraient les brutalités. En lieu et place, un spectacle idiot à la violence abordée de la manière la plus complaisante qui soit, truffée de perles de non-sens – « Il conduit aussi mal qu’il conduit bien » etc. – et de clichés sur pattes inertes. Aussi un symbole nazi sur la veste d’un bad boy… Trop viril de jouer avec le feu sans en comprendre les flammes. En outre, le vidéo-ludique ne s’insère jamais dans le film, détonne, résonne comme une pure importation de licence. Pensant construire un rythme effréné, Paul Thomas Anderson charcute ses scènes d’action par des coupes toutes les secondes, ce qui les rend illisibles, laides et horripilantes. Il comble l’absence de scénario par le bruit et la fureur comme les puissances impériales et tyranniques mataient les troubles et insatisfactions en faisant couler le sang dans l’arène. De ce fait, Anderson mate l’intelligence pour ne proposer au spectateur qu’une bouillie plus dangereuse dans sa bêtise que le système politique qu’elle prétend dénoncer.