Marc Webb. Avec un nom pareil, le génial réalisateur du génial "(500) days of Summer" était tout désigné pour rebooter la saga de l'homme-araignée, c'en est presque un gag. Toujours est-il que son "The Amazing Spider-Man" est devenu pour beaucoup de fans hardcore de la trilogie de Sam Raimi le nouveau représentant du blockbuster inutile et inférieur. Au final, reboot inutile d'une saga à peine plus vieille que nos Playstation2 ? J'arrive à peu près à comprendre ce point de vue, c'est vrai que se retaper les origin stories plus ou moins identiques -dans les grandes lignes- d'un personnage que l'on connaît tous surtout quand une telle importance leur est accordée (le film est quand même plus long que n'importe lequel de Sam Raimi) ça peut saouler. Pour ma part, moi qui n'ai jamais placé la trilogie originale en très haute estime, j'apprécie davantage la démarche moins comics et plus cinématographique de Marc Webb, de même que l'interprétation du personnage d'Andrew Garfield, et mille autres trucs qui différencient ce reboot de l'original. Le film raconte grosso modo la même histoire que son aîné à ceci près qu'il rajoute un paquet d'éléments d'enquête qui lui donnent un aspect proche du thriller: la toxine de Curtis (qui n'a rien de mystérieux vu que le set-up/pay-off mal branlé fait qu'on la voit venir à des kilomètres, mais passons), les parents de Peter (totalement absents des originaux) et l'espèce de grosse conspiration qui sert surtout à amener un film qui malheureusement n'arrivera pas. En bref tout ça donne une histoire plus dense et plus complexe, mais aussi un peu moins claire et facilement compréhensible, en ce sens je comprend que l'on préfère l'original. Même constat pour le bad guy de l'histoire: le Lézard. Loin d'être un méchant d'anthologie, le personnage est quand même pris au sérieux (on ne peut pas en dire autant du bouffon vert, c'est le moins que l'on puisse dire) et son développement est relativement bien mené même si ses motivations restent un peu floues. Mais il s'avère finalement assez oubliable tant dans sa personnalité ou son design que le jeu de l'acteur, là où un Willem Dafoe en Bouffon Vert faisait certes le pitre devant la caméra mais était marquant pour ça. Ça veux pas dire que j'aime le bouffon vert de Raimi (jamais je dirais un truc pareil, jamais) mais là encore je comprend que l'on puisse le préférer. En revanche je reste catégorique sur le reste, y compris -et c'est décisif vu qu'il donne quand même son nom au film- Spider-Man lui-même. Certes y'a une part de goûts là-dedans, on préfère la version inadapté social ou la version branleur de Peter, mais le personnage est tellement plus consistant...il évolue réellement, il cherche toujours à avancer lorsqu'il rencontre un obstacle au lieu de s'asseoir et pleurer comme celui de Tobey Maguire, et sa relation amoureuse est à des lieues ! Non seulement parce qu'elle est mieux foutue mais parce que Gwen Stacy est un million de fois supérieure à Mary "useless" Jane. Voilà une petite amie intelligente qui aide réellement Peter au lieu de lui faire constamment la gueule, elle au moins n'a pas besoin de se faire kidnapper pour servir à quelque chose. En plus l'alchimie entre ces deux-là est palpable, autant que l'urgence lors des scènes d'action somme toute mieux gérées, qu'il s'agisse du combat ou des scènes de voltige. Certes la danse des grues lors du climax est assez stupide et je hais ces moments comme celui où Peter cherche à défendre Spider-Man quitte à risquer de griller sa couverture, mais ce sont les très rares choses qui me sortent du film, là où un "Spider-Man" signé Sam Raimi arrivait à m'y plonger dix minutes maximum avant qu'un truc complètement débile -mais assumé- ne sorte de nulle part. Pour toutes ces raisons je suis de cette minorité qui applaudit les reboot de la saga de l'homme-araignée, envers et contre tous.