Sincèrement, comment a-t-on pu avoir l’idée de rebooter la franchise Spiderman si peu de temps après l’incroyable trilogie de Sam Raimi ? C’est vraiment d’une incompréhension mais surtout d’une bêtise affligeante…en fait non, c’est tout à fait compréhensible si on connaît bien notre monde ainsi que celui qui le gouverne…je parle bien entendu du FRIC : après les trois films de Raimi, les droits de Sony sur la licence Spider-Man stipulaient que la Major devait continuer à faire des films, faute de quoi ces droits retournaient dans les mains de Marvel Studios (propriété actuelle de Disney). Donc, ils ont pressé Raimi de faire un quatrième opus mais ce dernier quitta le navire, refusant de bâcler le boulot juste pour respecter la contrainte de temps. Alors, le meilleur moyen pour Sony pour réussir avant le temps imparti était de faire un reboot (d’autant plus qu’avec un nouveau réalisateur et de nouveaux acteurs, on peut aussi faire des économies vu que, depuis le succès de la trilogie, Raimi, Maguire et Dunst pouvait renouveler leur contrat en demandant un plus gros salaire !!) Voilà donc ce qui a uniquement justifié l’existence de ce "The Amazing Spider-Man"…pathétique, n’est-ce pas ? Mais bon, après tout, les réalisateurs et les acteurs ne sont pas responsables des conneries des producteurs, alors j’ai décidé de laisser le bénéfice du doute au film et de le visionner tout de même. Donc le film nous présente toujours le jeune Peter Parker qui vit chez son oncle et sa tante, il va à son lycée, il essaye de séduire Gwen Stacy (la grosse différence avec la trilogie : pas de Mary Jane ici !), d’ailleurs c’est en la « stalkant » qu’il finira chez Oscorp où il fera la connaissance du docteur Curt Connors et où il sera piqué par une araignée génétiquement modifiée. Son oncle se fait tuer, il décide alors de devenir un héros et d’utiliser ses nouveaux pouvoirs…ah oui et il sera opposé à Curt Connors qui, après avoir testé sa formule sur lui-même, est devenu un monstre…Et bien soyons franc, le bénéficie du doute n’aura vraiment pas duré longtemps : "The Amazing Spider-Man" n’est qu’une version aseptisée de celle de Sam Raimi, surfant sur la vague des gros blockbusters formatés pour ados : bref, Marc Webb (connu que pour un film médiocre : "(500) Jours Ensemble") joue la carte du bigger & louder actioner saupoudrée d’une romance fleur bleue. Mais le pire finalement, c’est qu’on se retape des séquences qui ne sont pas si éloignées que ça de celles du film de Raimi (Peter emmerdé par le gros con de sportif du lycée, la visite chez Oscorp avec la piqure, la découverte des pouvoirs, la mort de l’oncle Ben, le type qui essaye sa formule sur-lui même) et que cela fait traîner le film comme c’est pas permis : il faut attendre presque 55 minutes sur 2h11 pour enfin voir notre super-héros !! Mais bon maintenant on va certainement assister à du lourd….et bien vous pouvez vous rhabillez : on est dans un film pour ados non cinéphiles et exigeants, alors on fait tout pour leur faire plaisir. Et ils aiment quoi ? L’humour voyons, et cela nous permet d’assister à des scènes joyeuses et « mémorables » comme celle où Spidey arrête un voleur de voitures (j’ai mal au crâne !) Ils aiment quoi d’autres ? Bin la 3D ! Et là, ils ont du se dire « On va leur en donner et ils vont la voir la 3D ! » Ah ça, pour la voir, on la voit : tout est tellement poussé au maximum pour la 3D que l’on voit tout de suite ce qui est en synthèse et ce qui ne l’est pas dans un plan ; c’est hyper visible et cela rend le tout dégeulasse !! Spidey n’est pas du tout souple dans les scènes où il se déplace dans les airs (on dirait une figurine en caoutchouc !!), le Lézard est affreux et totalement pataud à l’écran, c’est vraiment moche (quand je pense qu’il y en a qui ont critique Sandman et Venom dans "Spider-Man 3" !!). Ce qui est bonnement terrifiant, c’est que le but était de faire un film moins cher que ceux de Raimi, mais avec seulement 15 millions de dollars de moins que "Spider-Man 3" (très peu d’économies finalement à cette échelle), on se retrouve avec un film 100 fois moins bien fait au niveau des effets spéciaux…navrant ! On a fini ? Et bien non , les djeuns ça aiment aussi l’ACTION !!! Mouais…alors de l’action il y en a (rien que trois affrontements entre Spidey et le Lézard) mais c’est tellement monté de façon frénétique que ça en devient illisible et indigeste (le combat dans les égouts et l’affrontement final sont à proscrire pour les épileptiques et ceux qui ont le mal des transports !) Par contre nous avons droit à deux scènes « épiques » : une sur un pont où Spidey tente de sauver un p’tit graçon d’une voiture qu’il vient de suspendre avec sa toile : bonne scène de suspense où la tension est à son maximum (ou pas : on tue rarement les mioches dans les films amerlocs !), Spidey sauve le gamin et s’en va…laissant accrochées au pont 4-5 bagnoles avec leurs occupants à l’intérieur !! Dans le genre nanardesque c’est fort…même si ce n’est rien comparé à….la scène des grues (une seule chose à dire : c’est le truc le plus DEBILE que j’ai jamais vu dans un film bordel de merde !!! Même Uwe Boll n’aurait pas osé !). Au niveau du casting, on va faire rapide car seuls Martin Sheen en oncle Ben (meilleur que Cliff Robertson dans le film de Raimi) et Emma Stone s’en sortent avec les honneurs, le reste des acteurs étant insignifiants (Rhys Ifans est vraiment très mauvais comparé à tous les autres méchants de la première trilogie !) même si la palme revient à Andrew Garfield qui arrive à nous camper un Peter Parker insupportable et à qui on a juste envie de mettre un coup de boule quand il ouvre la bouche ! (si c’est à « ça » que les jeunes veulent s’identifier, faut vraiment détruire notre civilisation !!) Quand je pense qu’il a eu le rôle alors que Aaron Johnson, Anton Yelchin, Jesse Eisenberg et Jamie Bell avaient passé le casting…c’est pas possible, ils ont choisi le pire !! "The Amazing Spider-Man" est donc finalement autant inutile que mauvais : là ou Sam Raimi avait opté pour une narration limpide et spontanée d’une série B agrémentée de séquences purement épiques avec un subtil côté psychologique sur le passage à la vie adulte, Marc Webb joue les yes man pour Sony en tapant à fond dans le teen movie sans saveur avec une grosse pince de blockbuster décérébré. Le soucis, c’est qu’avec le nombre de jeunes ne connaissant pas le comic d’origine et de petits enfants qui « adorent » les super-héros, ce honteux reboot a fait un paquet d’entrées…assez même pour que finalement un second et un troisième film verront le jour (mon dieu, quels autres personnages vont-ils encore massacrer ?!!) Quand je pense qu’au début de l’aventure, Sam Raimi souhaitait mettre en scène Spidey aux prises avec le personnage du Vautour que devait d'ailleurs jouer John Malkovich…on est vraiment passé à côté d’un quatrième opus qui s’annonçait grandiose….et à la place on a eu droit à « ça » !! Pfff…voilà ce qui se passe quand le fric passe avant les idées…