Lorsque Yann Arthus-Bertrand, adjoint à la production par Luc Besson, réalise «Home» (France, 2007), ce n’est pas une œuvre de cinéma qu’il entend accomplir mais plutôt un projet politique qu’il aspire à mener à travers le monde. Le dispositif exclusif de diffusion mis en place pour ce film (sortie simultanée au cinéma, à la télévision, en DVD et en VOD) amorce déjà l’ampleur de l’œuvre. D’emblée, sur le plan de la nécessité, «Home» se révèle capital. A en croire les propos tenus par la voix off d’Arthus-Bertrand le long du film, il ne reste à l’humanité entière que dix années pour moduler ses comportements de consommation. Sur le plan cinématographique, Arthus-Bertrand se situe dans une position de moralisateur. Sans le ton condescendant des ecclésiastes, il opte dans une très majorité des plans pour une contre-plongée abyssale, une vue quasi-divine. Le film s’ouvre d’ailleurs sur un plan de la Terre sorti semblablement des origines de l’Univers. Sans quitter cette hauteur, Arthus-Bertand n’affirme, par là, pas tant sa position de connaisseur que la nécessité de réajuster son point de vue. A contrario d’un Joris Ivens, dont la beauté du cinéma repose sur la mise en vis-à-vis de l’homme avec la Nature, Arthus-Bertrand appelle à se reconsidérer comme un gardien de la Terre. Son film est mû par une sincère volonté d’humanisme, en positionnant l’homo sapiens en tête de la vie sur Terre, exacerbant par ce biais la responsabilité de l’individu. Maître-soignant d’une Terre sujette aux affres naturels, «Home» s’endolorit pourtant en se contentant de faire succéder de beaux plans de la Terre, pour l’occasion réduite en nature morte, filmée en travellings languides dans lesquels l’homme, pas l’Humain, manque terriblement. En tenant à prouver que la Nature est la plus belle des œuvres d’art, Arthus-Bertrand omet aussi que le cinéma, en tant qu’art, peut servir au mieux la Nature. Godffrey Reggio l’avait compris dès «Koyaanisqatsi».