On tient avec Doute le film typique "César de la meilleure actrice". Faut la voir, la Streep, son maigre visage blafard aux rides accentuées sous sa quichenotte, ses yeux cruels derrière les petites lunettes -elle est grandiose. Ils sont grandioses: car Philip Seymour Hoffman, avec son visage grassouillet pas très net et ses petites mains rondes bien manucurées, a vraiment la tête du curé qui tripote les petits garçons. Quant à la jeune soeur candide, Amy Adams qui va, plus ou moins malgré elle, être l'instrument de la terrible Merryl Streep elle est très bien aussi. Donc, voilà: c'est du théatre filmé (d'ailleurs John Patrick Shanley a d'abord écrit sa pièce pour le théâtre avant de l'adapter au cinéma). Dans les années 60, dans un collège catholique où, pour la première fois un élève noir a été admis, la directrice, soeur Aloysius, femme intelligente -et pas raciste est une véritable harpie. Face à elle, le père Flynn, curé de la paroisse -bon vivant, aimant la table.... et les enfants, sans rien d'équivoque. Le petit noir, qu'il sent si désemparé, il le prend sous sa protection. Le film, quasiment tout en dialogues, c'est l'affrontement entre ces deux personnalités là. Et, où il est intéressant c'est que la soeur nous rappelle certains que nous avons croisés dans la vie. Le juge Lambert, le juge Burgaud. Le rêve de sa vie, c'est de combattre le Malin, et d'en triompher, et enfin, elle le rencontre, sous la forme d'un prêtre pédophile, comme les autres ont cru voir la mère infanticide, les "notables" abuseurs. Le film lors de la confrontation entre la soeur et la mère du petit garçon (Viola Davis, formidable de vérité), qui finit par dire que oui, son petit a plutôt des attitudes de filles, et que tant pis s'il s'en sort avec la protection d'un homme....Le père Flynn partira. Pourquoi, s'il était irréprochable comme il le semble? Soeur Aloysius craquera. Elle avouera qu'elle a toujours douté. De tout. Réflexion passionnante sur le doute...