1sur5 Les réalisations suivantes de Natali n'ont pas retenu l'attention des foules [Cypher], mais on se souvient de Cube : pitsch basique mais éblouissant, contexte usé à merveille, risible dans son humanité de comptoir. Et voici annoncé en grandes pompes son Splice, ou un couple de scientifiques au chômage technique décide de poursuivre dans ses propres quartiers son expérience la plus fascinante : fusionner l'ADN animal et humain.
Dren engendrée, c'est parti, le nanar enfile toutes les étapes, côté scientifique [hum que cette créature a une valeur affective], côté cobaye [j'apprends le coloriage, à dire non à mes parents et bientôt je suis pubère]. Le grand thème, c'est le malaise familial : sexualité et violence s'immiscent dans le triangle vicieux. Il paraît que c'est subversif ; le problème, c'est que ce n'est jamais autre chose qu'un pot-pourri ou les petites perversités ridicules s'enchaînent avec une absence de conscience et une platitude rappelant les zeddards italiens : aucune piste ne germe. Trop simple, trop bavard, carrément inconsistant.
De ce fait, le Cronenberg tant loué paraît peu évoqué ; bien sûr que son ombre plane sur les idées [ah ! les références ! on ne sait jamais, si on en balance, elles vont bien finir par donner de la gueule à notre petite entreprise !] ; en quelque sorte, Splice est peut-être le catalogue non exhaustif du dédale de son oeuvre [ère Scanners/La Mouche en particulier (mythes de Frankenstein, Dr Jekyll & mr.Alien au passage) – mais allons-y, et à quand Michael Youn héritier de Martin Scorsese]. Ce n'est qu'un thriller domestique des plus ennuyants, qu'on suivrait poliment et dont on voudrait bien respecter la foi évidente, mais si agaçant dans ses démonstrations misanthropes égales à elles-même [l'humanité est mauvaise dans le fond, merci Vinz' mais il doit y avoir du brouillard dans l'oreillette, on entend pas vos explications ; attendez, oui, un pas vers l'horreur... comment ça c'est tout ?].
C'est peut-être cynique, mais Natali aurait du préférer le spectaculaire, parce que c'est le seul versant qui semble en mesure de lui permettre de s'accomplir pleinement. Incapable d'alimenter son sujet par un propos de fond abouti, il révèle la nullité des qualités introspectives de ses oeuvres en se fourvoyant dans une démarche intimiste lisse et artificielle. Il faut voir les personnages qui, pour bien se situer, abusent de réparties sociologiques marquées : les postures intellectuelles du personnage de Brody sont totalement désuettes. Il reste un habillage délétère et impeccable, mais il n'est plus question de forme ici comme ce le fut auparavant avec le cinéaste, qui ne faisait illusion que dans son esbroufe [pas une tare, loin de là]. Aussi lorsqu'il se termine en bon gros slasher de derrière les fagots, Splice fonctionne presque, du moins il circule sur ses plates-bandes sans perspectives, mais ou il acquiert un soupçon de cohérence.
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