Autant le dire tout de suite, ce film est pour moi le film de l'année 2010! Je sais au premier abord certains penseront qu'il s'agit de la même trame scénaristique que Species, et là je leur dit qu'ils ne voient que la partie visible de l'iceberg, Splice est bien plus que ça!
Déjà à la réalisation on retrouve derrière la caméra Vincenzo Natali, qui nous avait offert Cube, Nothing, Cypher, tous des oeuvres brillantes de psychologies. Qui dit Natali dit forcement David Hewlett! Et oui c'est deux là sont inséparables depuis le lycée, alternant tantôt des rôles secondaires et principaux dans les métrages de Natali, il acquis surtout sa renomée avec Stargate Atlantis, ici il a un rôle de directeur des recherches du laboratoire NERD.
Notre couple de jeune scientifique est composé de Clive (Adrien Brody), qui est le plus raisonnable et terre-à-terre mais manque parfois d'autorité, tandis que sa femme Elsa (Sarah Polley) est totalement aveuglé par le pouvoir, ne pouvant avoir un enfant et se découvrant, via DREN, un rôle de mère qu'elle ne pourrait avoir.
DREN (Delphine Chanéac) avec ses évolutions qui partent du volatile, du mamifère aquatique et qui s’approche, tout le long du film, de l’être humain; notre couple s’y attachera rapidement pour le considérer, Elsa notamment, comme leur propre enfant. Un véritable amour va naître de cette fascination pour la première d’une nouvelle espèce. A l’abri des regards indiscrets, dans une cabane en forêt, ils vont donc élever DREN en faisant fî de toutes les questions morales qui pourraient exister. DREN devient alors le personnage principal du film et les rôles sont inversés. Il s'agit d'un personnage fascinant, tantôt très humaine, tantôt indescriptible pour ses réactions purement instinctives. L’empathie se crée naturellement et va rendre la suite du récit évidemment plus mouvementé.
Adrien Brody et Sarah Polley possèdent une belle énergie, et les deux acteurs se complètement admirablement bien. C'est toutefois la nouvelle venue Delphine Chanéac qui leur vole la vedette en incarnant le difficile rôle titre, qui a dû se passer de toute parole et transmettre toutes les émotions uniquement par son regard et ses mimiques, à la fois proie et prédateur, cobaye et envoûtante créature.
La production n'étant pas américaine (heureusement!), Natali pousse son concept à fond pour un impact plus percutant, scénaritiquement, visuellement et psychologiquement, notamment lors de passages très intimistes qui ne manqueront pas de mettre votre moralité à rude épreuvre. On ressent comme une douleur viscérale devant ces images très fortes par leur symbolique. Le scénario, qui traite de manipulation génétique et du droit à la vie, de la difficulté d'être parent et d'élever correctement son enfant. Des thèmes universels qui apparaissent à mi-chemin, après une introduction traînant en longueur et avant une conclusion assez décevante. Ce noeud du récit apparaît d'autant plus surprenant qu'il semble agir indépendamment du reste de la matière première, voguant vers des propositions plus philosophiques et spirituelles
Le final horrifique conclu magnifiquement tout le développement préalable, une apothéose salvatrice après 1h30 de pur plaisir qui vient porter Splice dans les cimes des meilleurs films de SF. Il vous sera impossible de sortir indemne de cette aventure qui, au-delà d’être la plus grande réussite de Natali, est tout simplement la claque de ce début d’année que l’on attendait pas vraiment provenir de ce film.