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    Blind Mountain
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    3,8
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    3 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 10 février 2014
    Je fouillais le bac du Mk2 Store réservé au cinéma asiatique lorsque je tombai sur le DVD de Blind Mountain, dont le devant coloré de la boîte affichait six parenthèses de laurier, deux indiquant une sélection au festival de Cannes 2007 dans la catégorie Un Certain Regard ; derrière, surtout, figurait l'intrigante phrase suivante : "[le film] confronte deux genres quasi opposés [que sont le] rape (sans vengeance) et le documentaire." Je relis encore : "[le] rape (sans vengeance)" ; je ris, je l'achetai puis le regardai sans attendre avec mon petit frère. Et quel excellent choix, guidé par quelque absurdité, je fis là ! Li Yang offre, précisément, un certain regard sur la Chine qui ne cesse de secouer et d'emballer un public grandissant, ainsi qu'en témoignent les avis élogieux sur le tout récent A Touch of a Sin. Un public emballé par l'odeur de la liberté, celle qui s'attache à la dissidence ou à la simple prise de conscience, et par la découverte de l'Ouest lointain de l'Est lointain, cette immense zone de non-Droit au sein d'un pays où mieux vaut filer droit. "Un western chinois sidère la Mostra", titrait en 2011 un article du Monde à propos de People Mountain People Sea, une œuvre du même acabit : son auteur ne pouvait trouver meilleurs termes, tant les lieux et les hommes rappellent l'Amérique du temps de la Conquête. Sauvages et froids, les paysages de Blind Mountain ne rivalisent cependant pas avec ceux du Fossé, ceux du désert de Gobi dont j'avalai le sable lors d'une expérience mémorable -cerise sur le gâteau, à la fin de la séance, un vieux bobo parisien s'écria : "saleté de racaille communiste !" Coco ou pas, la Chine ressemble au travers de ces quatre films à une prison à ciel ouvert, tenue par qui y trouve intérêt.

    Dans celui de Li Yang, un village se livre au commerce d'épouses en toute impunité. Une étudiante, Bai Xuemei, découvre brutalement au réveil qu'elle est victime d'une pénurie de femmes obligeant les hommes à importer ; dupée, droguée, abusée, sa nouvelle vie se résume bientôt à nourrir les cochons sous la surveillance et les coups de la famille de rustres qui l'a achetée. Ne pouvant s'y résoudre, elle tente plusieurs fois de s'évader, en vain : la succession d'epic fails suscite alors chez le spectateur une intense frustration, d'autant plus intense qu'il anticipe souvent l'échec de la tentative d'évasion. Et l'irrésistible envie lui prend de crier : "Cours !", "Cache-toi !", "Frappe !" ; "Plus vite !", "Plus profond !", "Plus fort !" ; "Attends ! Encore, encore, encore... Maintenant !" ; là aussi, en vain. Blind Mountain exploite son sentiment d'impuissance, le rend complice des villageois ; Blind Mountain lui dit : "Toi, spectateur, tu ne fermes pas les yeux, mais les garder ouverts ne sauvera pas l'étudiante." Car dans cette partie reculée de la Chine, loin des côtes, tous gardent à l'esprit le conseil des trois petits singes : ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. Tous, par lâcheté, abandonnent Bai Xuemei à sa captivité ; tous, jusqu'aux autorités, qui ne débarquent que pour mieux fuir un village armé de fourches lors d'une scène finale apothéotique.

    "[Le film] est tiré d’une histoire vraie mais j’ai dû apporter des modifications au scénario pour qu’il soit finalement accepté. En tout, on a coupé quarante morceaux… Dans notre pays, il est difficile de trouver des investisseurs pour ce genre de films car même le Bureau du cinéma ne veut pas qu’ils soient tournés…", confiait Li Yang à Écran noir en 2009. Sans doute le manque de moyens se ressent-il, mais le réalisme n'en devient que plus impressionnant ; un réalisme qui distingue d'ailleurs cette œuvre de Dogville, le parfait exercice de style de Lars von Trier. Lecteurs, Bai Xuemei, Blind Mountain et son réalisateur vous disent en coeur : "Voyez-moi !" Rageant et poignant.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 26 novembre 2013
    J'avais découvert le prometteur Li Yang avec Blind Shaft, sorti en 2003, qui m'avait fortement marqué (quotidien des mineurs chinois). Ici, il revient avec, finalement, un scénario comparable (mais en plus trash) à Qiu Ju, une femme chinoise de Zhang Yimou. En effet, l'héroïne, une jeune étudiante en médecine enlevée et promise à un mari dans un village paumé, doit se résoudre à accepter ce quotidien (qu'elle n'a évidemment pas choisi). Et, pendant tout le film, elle va tenter de se rebeller contre cet ordre interne dont les règles de fonctionnement semblent bien loin de la légalité... Ainsi, comme pour le film de Yimou, une femme souhaite défendre ses droits. Ici c'est moins soft, plus dénonciateur encore, peut-être un brin moins réussi (Blind Shaft reste pour moi meilleur que celui-ci, bien qu'il fasse 1h40 Blind Mountain j'ai trouvé ça parfois un peu répétitif et long, puis trop "stylisé" pour ce que ça veut montrer), mais cela reste de haute facture. Le décor a une place primordiale dans cet univers, et la gestion des couleurs par Li Yang est fantastique. Autant Blind Shaft était proche, au niveau du style, du documentaire (ce qui pour moi est la raison pour laquelle c'est un film majeur), autant Blind Mountain est réellement traité comme une fiction (avec les hauts et bas qui en découlent), et on a droit de manière assez régulière à des beaux plans fixes ; paradoxalement - c'est ce que j'entendais par bas - ça éloigne un peu le spectateur de l'histoire parfois, ce qui est dommage. Mis à part ça, c'est passionnant de bout en bout. Sur ce genre d'intrigue, que l'on peut penser vu et revu, Li Yang évite tous les écueils, bon à quelques reprises certaines choses sont prévisibles, mais pour le reste c'est passionnant. Malgré seulement deux films vus de ce cinéaste (il n'en a pas fait d'autres depuis je crois) il s'impose, pour moi, comme l'un des grands chinois des années 2000, aux côtés des illustres Jia Zhangke, Zhao Liang et Wang Bing. Un réalisateur indispensable de la sixième génération.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 20 juin 2010
    ce film est pour moi a moitié un documentaire sur la chine rurale des années 90 & les injustice que supportent les femmes de ces régions & a moitié une vraiment belle histoire qui prend son temps mais se laisse finalement regarder. bravo au directeur de la photo qui nous déniche la quelque diaporama digne des plus belles cartes postales.
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