On savait, depuis son documentaire sur Idi Amin Dada, que barbet Schroeder, à la manière d'un Scorsese, était aussi bien inspiré sur ses films que sur ses documentaires, les deux genres étant traités comme les oeuvres artistiques qu'elles sont. De ce point de vue là, le pari du réalisateur de Maîtresse (lui-même traité, à l'époque, comme un documentaire d'ailleurs) est une grande réussite.
Car, au-delà de la quantité d'information mise en avant par Schroeder, et ce avec une justesse rare pour le genre documentaire, L'avocat de la terreur s'impose comme un très bon thriller à la portée internationale sans limite, nous entraînant du Cambodge à la RDA, en passant par la Palestine et le Soudan, tant les liens de Vergès avec les plus grands terrorristes sont évident. Mais là, la magnificence du réalisateur tient en ceci qu'il ne juge pas son sujet, préférant se concentrer sur sa mise en scène.
Barbet Schroeder arrive, à l'aide des toutes premieres images tournées en DV au Cambodge, à imposer une ambiance, un cadre, digne des meilleurs films d'espionnage, renforcée par le montage à la fois énergique et posé de Nelly Quettier (monteuse attitrée de Leos Carax), rendant l'ensemble d'une fluidité exemplaire.
Au final, L'avocat de la terreur est, certes, une grande leçon d'histoire, couvrant plus de 60 ans de notre patrimoine mondial, mais il est avant tout une grande leçon de mise en scène, celle d'un personnage qui ne pouvait exister que par et pour les medias, celle d'un acteur dont le cynisme et le charisme le font sortir tout droit des meilleures tragédies grecques, Jacques Vergès.